Voici un très beau texte sur la pudeur et la beauté transmis par une amie. Il vaut le coup d’être lu et médité 🙂
« J’espère, avec la grâce de Dieu, contribuer à apporter à vos intelligences de quoi réfléchir sur la beauté, l’élégance et la modestie des femmes, et ainsi vous aider à pratiquer volontairement ─donc librement─ la vertu de tempérance dans certaines de ses applications. (…)
Afin d’être toujours l’aide de l’homme comme Dieu le désire, creusons en profondeur la question de la beauté, de l’élégance et de la modestie de la femme. En travaillant à être belles, vraiment belles, élégantes et modestes, nous aiderons nos hommes à rester tempérants et donc forts, prudents et justes. Le jeu en vaut la chandelle. Avoir de belles idées et ne jamais en vivre est de l’hypocrisie, du libéralisme, de la folie et dans ce cas nous ne pouvons pas trouver le bonheur. Car comme vous le savez toutes, travailler au Bien Commun, donc agir vertueusement, apporte le bonheur ─le vrai─ et contribue à nous donner un avant–goût du ciel car, in fine, ce Bien Commun s’ordonne à la plus grande gloire de Dieu. Ce Bien Commun est voulu par Dieu, il est divin. Soyons vertueuses, chères amies, servons–nous de notre intelligence, de notre raison et de notre volonté pour dominer nos passions, les régler et ainsi trouver le Vrai, en cherchant toujours le Bien et le Beau.
La pudeur, au sens strict (voir Somme théologique, II a II ae qu. 144), n’est pas une vertu (un habitus) mais une passion (un mouvement de l’appétit) : la crainte de ce qui est honteux ; parce que la crainte est ce mouvement de l’appétit irascible à l’égard d’un mal ardu, ainsi difficile à éviter, elle est, comme l’enseigne Aristote, étrangère à l’homme de bien, parce que pour ce dernier le refus du mal n’est pas difficile ; mais la pudeur peut, au sens large, être tenue pour une vertu, car elle dispose à la tempérance. Elle est un sentiment personnel qui n’a pas été créé artificiellement, mais qui est inscrit par le Créateur dans la nature pour être converti en une vertu, en pouvoir et en force qui perfectionne, qui protège et qui libère. Elle ne se réduit pas au simple plan de la sexualité. La pudeur est bien plutôt la tendance spontanée à cacher à la curiosité ce qui appartient à l’intimité de la personne, pour la défendre de toute intrusion inopportune.
La pudeur est modestie, elle inspire le choix du vêtement. Elle maintient le silence là où transparait le risque d’une curiosité malsaine. Elle se fait discrétion. La pudeur inspire une manière de vivre qui permet de résister aux sollicitations de la mode et à la pression des idéologies dominantes. Les formes revêtues par la pudeur varient d’une culture à l’autre. Partout, cependant, elle reste le pressentiment d’une dignité spirituelle propre à l’homme. Elle naît par l’éveil de la conscience du sujet. Enseigner la pudeur à des enfants et à des adolescents, c’est éveiller au respect de la personne humaine.
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La fumée signifie (indique) le feu. Il y a une signification. Tout ce qui exprime une chose, le signifie aussi. En revanche, tout ce qui signifie ne l’exprime pas forcément. Le visage est l’unité anatomique expressive par excellence, il dévoile l’âme au plus haut degré, son état, son attitude. Regarder un visage est presque toujours un événement spirituel. Les mains sont elles aussi expressives et suggestives. La main a son langage également. Le pied, lui, n’exprime rien, il signifie seulement, il n’est qu’un instrument pour marcher. Il y a donc bien des zones qui ne font que signifier (elles n’expriment rien) parce qu’elles n’ont pas la transparence du visage, elles sont opaques et, quand le regard s’y pose, il ne va pas plus loin, il s’arrête comme devant un mur et ne dit rien de plus que la raison de son existence. Elles ne sont pas représentatives de la personne. Néanmoins, certaines de ces zones peu ou pas expressives, possèdent un grand pouvoir de signification : elles parlent de plaisir, c’est la seule chose qu’elles disent en elles–mêmes à l’homme concret, de chair et d’os qui porte, avec plus ou moins de succès, les désordres introduits dans la nature humaine par le péché originel. Beaucoup l’oublient peut–être, mais tout homme arrive dans ce monde avec le poids de ce péché, avec un désordre dans ses passions, le regard obscurci, une espèce d’engourdissement pour les choses de l’esprit et une tendance excessive vers la matière.
C’est pourquoi quelque chose de si noble en lui–même que le corps humain, nu, parle tellement de plaisir à l’homme normal. Il peut être un appel au plaisir bon en soi, mais ce ne l’est pas toujours et dans n’importe quelle circonstance. Il ne trouve sa vraie raison d’être (et sa sanctification) que dans les relations physiques de l’amour matrimonial ouvert à la transmission de la vie. Dans tout autre contexte, le provoquer volontairement est un péché grave, comme l’explique la théologie catholique. Or on risque de le provoquer (tout au moins on court ce risque) si on découvre au regard d’une personne de l’autre sexe une de ces unités anatomiques (ou ensemble d’unités) impersonnelles, qui, en soi, ne parlent ou ne suggèrent rien d’autre que le plaisir.
Il y a cependant des raisons de santé par exemple ou d’hygiène qui créent autour de ce qui est découvert comme une espèce de voile subtil mais réel. Certaines circonstances rendent difficile, en effet, de regarder un corps comme un objet de plaisir, parce que l’on est obligé de penser à autre chose qui occupe l’attention : soigner ou représenter artistiquement sont des activités qui rendent d’ordinaire inoffensive la nudité, même s’il convient de prendre les précautions d’usage.
Et il y a des endroits dans le monde où, par manque de techniques appropriées et en raison du climat, les personnes s’habillent à peine, sans que cela soit une atteinte à la pudeur. Ce n’est pas la même chose de se déshabiller ou de ne pas s’habiller. Même dans ces circonstances géographiques, il y a toujours des gestes, des attitudes du corps qui sont perçues comme interdites à la personne droite. Les usages et les coutumes sociales changent, à l’intérieur de certaines limites, les lois de la pudeur. Mais c’est sûr aussi qu’il y a toujours une limite réelle entre le décent et l’indécent. Une personne qui s’efforce de vivre avec dignité distingue sans trop d’effort la modestie de l’immodestie, le naturel de la provocation, la pudeur du dévergondage. La modestie (modus, mesure, limite) est la qualité d’une personne modérée dans l’appréciation qu’elle a d’elle–même (humilité, simplicité).
(…)
La pudeur est une affirmation de la souveraineté de l’esprit. « La délicatesse de la pudeur (Giambattista Torello), émane de pensées élevées et de fortes passions, non pas d’esprits obtus, endormis par des préjugés contre tout ce qui est charnel ». Une de ces passions fortes est la maîtrise de soi, en vertu de laquelle chacun possède vraiment tout ce qu’il est. Ce qui n’est pas le cas pour le corps ─si personnel à l’homme─ quand il se livre à la possession, au moins intentionnelle, de n’importe qui. Le corps, ainsi que la personne à qui il appartient, devient alors une chose qui n’est à personne du fait même d’être l’objet de tous. L’expression populaire qui qualifie ce genre de personne de quelconque, semble bien correspondre à la réalité. ……Une jeune fille ou une femme qui perd la pudeur, commence peu à peu à briser son mystère personnel, ce qui lui permettait d’être davantage qu’une simple chose. La pudeur entretient le mystère, essentiel à l’homme et à la femme, car ce qui n’est pas mystérieux offre rarement un intérêt durable : les choses captent l’attention quand elles proposent une énigme. La fascination disparue, on passe à autre chose et le reste est oublié. Un homme, une femme sans pudeur est sans mystère, son enchantement périphérique se tarit vite, et le vide, subit ou progressif, l’envahira sans doute un jour avec son cortège d’angoisses qui ne sont pas à prendre à la légère. Qu’est–ce qu’un corps sans âme, un corps qui prend la place de l’âme, si pleine de mystère et si nécessaire ? Qu’est–ce qu’une femme sans âme ? Où s’en est allée sa féminité ? On risque de perdre bêtement le meilleur de soi, de vendre son âme au diable. Le parfum de l’essence véritable et puissante s’évapore et il ne reste plus qu’un flacon vide. Avec un peu de jugeote, on aurait pu tout embellir, par son âme enrichie de la pratique des vertus morales et des vertus surnaturelles. Les caractéristiques les plus pures de l’essence masculine ou féminine se seraient montrées dans les yeux, dans le sourire, dans les gestes, dans l’allure. Mais un corps sans âme se pourrit et pourrit tout, parce que sans âme, un corps est un cadavre et, dans ces conditions, l’âme incorruptible devient une âme sans âme, une âme qui ne trouve que solitude.
Qu’en sera–t–il de l’homme, si la femme cesse d’être la gardienne et le défenseur de ce qu’il y a de plus intime, de ce qui est si intime et personnel en elle–même ? Comment pourra–t–on prétendre que l’on cesse de considérer la femme comme un objet si elle se présente comme tel ? Promouvoir la femme, c’est d’abord l’habiller, avec simplicité et élégance, en harmonie avec les lois fondamentales de la pudeur et de la modestie. Cela en vaut la peine. Car il y a quelque chose, dans l’aspect et l’attitude d’une femme sensée, qui permet au regard de l’homme de découvrir en elle ce plus (plus que le corps, plus que l’objet) qu’est l’âme, la personne, ce que nous appelons la personnalité : une vie intérieure impalpable, riche, traduite à l’extérieur en mille détails qu’on perçoit à peine dans leur individualité, mais qui créent un je ne sais quoi qui élève le regard : au lieu de s’écraser contre un corps opaque sans âme, ce regard atteint les zones les plus profondes de la personne, jusqu’au point où l’on découvre l’image de Dieu qu’est la femme, comme l’homme l’est aussi.
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Soyons fortes et courageuses. Gardons la modestie, la retenue, la réserve, la pudeur. Ces vertus marquent notre fonction particulière qui est celle de recevoir la vie. Nous sommes les proches collaboratrices de Dieu dans la transmission de la vie et nous devons porter en nous l’expression de ce mystère divin. Nous devons le manifester par ce que nous sommes. C’est une fonction importante au niveau de la famille, mais bien plus encore au niveau de la société toute entière. La femme doit être un reflet naturel de la présence de Dieu. Elle est la gardienne de la présence du mystère divin dans la société, dans la famille et pour elle–même. Cette place lui donne le devoir particulier de veiller au respect de ce mystère, à la sainteté des choses saintes, à la sacralité des choses sacrées. La vie est un don sacré car c’est Dieu qui donne la vie. La mère est proche du mystère de la vie : elle est le lieu où s’opère ce don. La mère plus que le père, est collaboratrice de Dieu dans l’acte de la transmission de la vie puisque c’est en elle qu’aura lieu l’infusion de l’âme. Avec la grâce de Dieu et une volonté forte, nous y arriverons. »
Bonjour Femme à part,
Ce texte est vraiment beau, et très intéressant.
Je n’ai jamais lu rien de tel sur le sujet.
Serait-il possible de savoir d’où il vient, et qui l’a écrit ?
Un grand merci par avance !
Merci aussi pour ce que vous faites, c’est rare aujourd’hui.
Bonjour Louise, il s’agit d’un texte écrit par une amie à l’occasion d’une conférence privée ☺️
Notre esprit est ce qui importe, pas l’enveloppe charnelle…
« une de ces unités anatomiques (ou ensemble d’unités) impersonnelles, qui, en soi, ne parlent ou ne suggèrent rien d’autre que le plaisir. »
Les jambes comme les bras ne révèlent rien d’autres, en effet. Soit ils ne révèlent rien à beaucoup d’hommes, d’ailleurs souvent blasés, soit à certains plus sensibles, ils deviennent dangereux pour le respect du 6ème commandement. D’où la recommandation mi-mollet. Je ne voudrais pas répéter ce que l’expérience m’a appris, mais là , on m’y oblige. « Ah bah voilà! Tu as enfin une jupe moins longue, on peut voir tes belles gambettes! » (C’est du vécu) Là encore, la femme est prise pour un objet : « On peut bien regarder les belles choses » (C’est du vécu)
Ce sont les hommes et non les femmes, qui permettent de savoir qu’est-ce qui n’est pas anatomiquement montrable, puisqu’ils sont les principaux concernés.
Ces « belles gambettes » sont mises en valeur par les chaussures à talon, si belle réussite pour la libération de la femme en lui faisant mal aux pieds et l’empêchant de marcher à l’aise, ou de courir si besoin. Ainsi le pied lui aussi devient un objet de plaisir. Il n’y a pas à souffrir pour être belles. Ce sont des inventions d’hommes de la mode, des pervers aujourd’hui sur la sellette pour être condamnés aux tribunaux par les mannequins dont ils ont abusé.
« ce qui n’est pas mystérieux offre rarement un intérêt durable : les choses captent l’attention quand elles proposent une énigme. »
C’est précisément le danger des vêtements suggestifs. Ces vêtements qui semblent prêts à s’ouvrir, laissent une ouverture, une échancrure, pour inviter à aller rechercher le mystère… D’où mon étonnement en voyant cet éloge appliqué ainsi…
« soigner ou représenter artistiquement sont des activités qui rendent d’ordinaire inoffensive la nudité, même s’il convient de prendre les précautions d’usage. »
Pas du tout. On voit les mêmes choses que l’on soigne, peigne ou autre. La différence entre soigner et peindre, c’est que soigner est obligatoire, et permet donc d’obtenir des grâces spéciales de Dieu pour ne pas tomber. Tandis que peindre du nu, c’est s’exposer l’âme. Raphaël peignait ses maîtresses nues. Rodin se ruait sur ses modèles… Doit-on donner plus de détails? St François de Sales donne cet exemple dans l’Introduction à la vie dévote : « Alexandre fit peindre la belle Compaspé, qui lui était si chère, par la main de l’unique Apelles; Apelles, forcé de considérer longuement Compaspé, à mesure qu’il en exprimait les traits sur le tableau, en imprima l’amour en son coeur, et en devint tellement passionné, qu’Alexandre, l’ayant reconnu et en ayant pitié, la lui donna en mariage, se privant pour l’amour de lui de la plus chère amie qu’il eût au monde »
« Et il y a des endroits dans le monde où, par manque de techniques appropriées et en raison du climat, les personnes s’habillent à peine, sans que cela soit une atteinte à la pudeur. »
Bien sûr que si, il y a atteinte à la pudeur. Il suffit d’ailleurs de connaître les moeurs de ces personnes. Vous n’imaginez pas… J’ai vu autrefois, à ma grande honte, suffisamment de documentaires, entre autres sur les peuples premiers, pour le savoir.
« Car il y a quelque chose, dans l’aspect et l’attitude d’une femme sensée, qui permet au regard de l’homme de découvrir en elle ce plus (plus que le corps, plus que l’objet) qu’est l’âme, la personne, ce que nous appelons la personnalité : une vie intérieure impalpable, riche, traduite à l’extérieur en mille détails qu’on perçoit à peine dans leur individualité, mais qui créent un je ne sais quoi qui élève le regard : au lieu de s’écraser contre un corps opaque sans âme, ce regard atteint les zones les plus profondes de la personne, jusqu’au point où l’on découvre l’image de Dieu qu’est la femme, comme l’homme l’est aussi. »
Magnifique citation! La femme a elle aussi un cerveau, une intelligence, une vie intérieure. Elle ne se cantonne pas à Vénus, et tout ce qui la rabaisse à « Sois belle et tais-toi », comme ces modes indécentes, mérite un bel autodafé. Car en faisant parler le corps pour suggérer le plaisir, on fait taire et oublier ce qui fait parler le visage de ce qui se passe dans l’âme, ou le langage du vêtement indiquant l’intellect et la mission de la femme.