Cette conférence a été donnée initialement le 22 juillet 2018 près d’Angers. Vous pouvez écouter l’enregistrement sur YouTube ou lire le résumé ci-dessous ! Pardonnez-en le style, c’est un condensé de mes notes et non une retranscription fidèle de mon intervention orale.
Partant du constat que beaucoup de femmes catholiques s’habillaient le plus souvent comme des grand-mères ou comme des femmes de mauvaise vie, persuadée qu’un juste milieu existait, j’ai décidé de créer Femme à part il y a deux ans pour aider celles qui ne savaient pas comment s’y prendre pour être belles tout en restant décentes. Lorsque l’on comprend la vocation féminine spécifique telle que voulue par Dieu et tout ce qui en découle, il est plus facile d’appliquer au quotidien les principes de modestie vestimentaire.
1 – Vocation de la femme
A – Genèse et caractéristiques
Dès le récit de la Genèse, on remarque que la vocation de la femme est bien distincte de celle de l’homme. Dieu ne crée pas la femme en prenant de la terre comme pour le premier homme: « Le Seigneur Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui. (…) Le Seigneur Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme ».
On pourrait dire que l’homme est en mission et la femme en soumission. Il n’y a rien de dégradant, tous deux sont faits à l’image de Dieu. Ils ont donc la même dignité mais sont différents, que ce soit dans leurs rôles, attributs, sensibilités, et physiquement aussi bien entendu. L’homme réalise l’humanité tandis que la femme offre et préserve les conditions de cette réalisation. L’homme sépare, définit et nomme les choses, la femme les met en relation. L’homme impulse, la femme garde, protège, conserve.
La vocation de la femme est de s’anéantir pour devenir un instrument du bon Dieu. Rappelons-nous du « Fiat » de la Sainte Vierge lors de l’Annonciation: elle doit être notre modèle. La vocation de la femme suppose l’effacement, l’humilité. On ne peut pas être plein de soi-même si on veut être remplie de Dieu. En tant que mère, la femme est gardienne et protectrice des valeurs spirituelles qu’elle transmet (maternité physique ou spirituelle).
B – Le voile, symbole de la vocation de la femme
La vocation de la femme, sa part dans la création, sa mission dans la société de façon générale, tout ceci se manifeste très concrètement, et même visuellement chez Gertrude von Le Fort dans son livre La femme éternelle avec le thème du voile. « C’est le symbole de la féminité : toutes les grandes circonstances de la vie féminine nous montrent la figure de la femme sous un voile (mariage, consécration religieuse, veuvage, accouchement, et voile du berceau fait avec voile de la mariée). Ce voile aide à comprendre pourquoi ce n’est pas l’homme mais la femme qui prépare le monde à l’introduction des plus grands mystères du christianisme ». Pourquoi le voile ? Il est un symbole et un symbole signifie une réalité (idées et valeurs très concrètes).
- Anonymat
La mission de la femme est une mission cachée. « Même ce qu’elle a de plus essentiel en elle, sa vocation à transmettre la vie et les générations, elle l’accomplit sans donner son nom et sous le voile » (in La femme éternelle). Elle a une grande capacité à s’oublier pour le bien de ses enfants, de son foyer, et est même prête à mourir pour ses enfants (cf. Sainte Jeanne Beretta Molla qui a préféré mourir que subir une opération qui aurait pu mettre son bébé en danger pendant sa dernière grossesse). On peut également faire un parallèle avec les ordres religieux contemplatifs qui en apparence ne servent à rien mais en réalité travaillent silencieusement à la rédemption du monde. Et n’oublions pas Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, ma sainte patronne, qui n’a pas fait de grandes choses ni d’actions visibles et retentissantes, à tel point que les religieuses vivant à son époque au couvent ne comprenaient pas pourquoi son procès en béatification commençait. Elle avait eu la force de rester à sa place, et c’est qui en a fait une sainte. L’action de la femme est anonyme car elle n’agit pas en son nom mais au nom de Dieu : elle est une coopératrice cachée. Comme le disait Marie-Paule Vinay, « plus le renoncement féminin est pur, silencieux, plus l’homme peut avancer loin dans les conquêtes de l’esprit et du cœur sans aucun danger pour l’équilibre du corps social ».
- Humilité
Il faut s’accepter telle que l’on est, et savoir rester à sa place. Cela demande beaucoup d’humilité parfois de rester sous le voile. « La femme disparaît dans l’œuvre de son mari et n’apparaît visiblement que dans l’hommage qu’elle en reçoit ». Mais c’est seulement ainsi que l’on s’épanouit, en étant fidèle à sa vocation, à sa mission, à son être tel que créé par Dieu. L’humilité et la fidélité ne doivent pas être vécues comme des contraintes mais plutôt comme quelque chose qui va être vraiment libérateur. La femme disparaît pour transmettre. Elle se cache au monde et se révèle à Dieu : elle Lui laisse la place.
- Modestie
Jusqu’aux années 50-60, les femmes ne sortaient jamais sans leur chapeau ! On peut évidemment relier la modestie à l’humilité, à la tempérance et à la pudeur : les vêtements ont avant tout la fonction de cacher notre nudité (c’est d’ailleurs la première réaction d’Adam et Ève après le péché originel: se cacher puis se couvrir parce qu’ils étaient nus et que cela leur faisait honte). La modestie dans le vêtement doit être évidemment le reflet d’une véritable humilité intérieure.
2 – Pourquoi se voiler aujourd’hui ?
Se voiler = se couvrir la tête à la messe et appliquer la modestie vestimentaire tous les jours.
A – Une femme qui se dévoile brise son mystère
Repensons à la Sainte Vierge qui s’oublie, se cache, reste silencieuse la plupart du temps pour laisser la place à Dieu. On voile ce qui est sacré et mystérieux, comme le tabernacle sur l’autel par exemple, parce qu’il renferme le trésor de la Présence Réelle du Christ. Alice von Hildebrand disait : « Les femmes sont plus mystérieuses que les hommes, car il y a quelque chose en elles qui appelle à être voilé. Le voile n’indique pas l’infériorité mais il montre le caractère sacré, mystérieux et sublime. Chaque femme porte en elle un secret, quelque chose de mystérieux et de sacré. Ce secret, c’est, à un niveau naturel, la possibilité d’une nouvelle vie ». Une vie humaine se créée en coopération directe avec Dieu (l’homme et la femme ne sont que des pro-créateurs). La femme doit donc agir en fonction de sa vocation, avec la réserve nécessaire, et s’habiller en conséquence. Comme le disait le Père Lucas Prados, « la pudeur maintient le mystère qui est l’essence même de la femme ».
Relevons un paradoxe : le voile « cache » et pourtant c’est la plus belle parure de la femme car il manifeste son acceptation constante et amoureuse d’une mission qui relève du domaine de l’invisible. La véritable beauté c’est de se donner. L’effacement de la femme est insupportable au monde moderne car la transcendance lui est insupportable c’est pourquoi il veut absolument que la femme s’affirme et soit en compétition avec l’homme (elle a maintenant la possibilité de garder son propre nom lorsqu’elle se marie par exemple). On veut extérioriser la femme pour la rendre superficielle. Mais une femme qui se dévoile brise son mystère.
B – Importance de la beauté
- La beauté nous parle de Dieu
« Le beau doit nous élever » disait le pape Pie XII pour nous rappeler l’importance du goût, des choses qui nous élèvent et élèvent notre prochain. Car par sa beauté la femme évoque le transcendant, elle est un lien vers le ciel, elle évoque Dieu : c’est notre expérience la plus immédiate de ce qui est éternel : qui a créé une telle beauté? « Tu es entrée en moi par le regard et tu m’as obligée de développer ma puissance » dit Michel-Ange à Vittoria Colonna, sa muse. La beauté d’une femme peut pousser un homme à s’élever, à avoir une belle attitude. Devant une femme vraiment féminine, l’homme devient plus viril et fait tout pour être digne d’elle. « Dieu par sa beauté attire notre entendement à le contempler et par sa bonté il attire notre volonté à l’aimer » (Saint François de Sales, Traité de l’amour de Dieu). C’est une beauté intérieure avant tout, mais propreté, harmonie, élégance, attitude, voix, vertus, douceur : tout entre en jeu et contribue à rendre une femme vraiment belle. Nul besoin d’être mannequin !
- L’habit fait le moine !
On entend toujours « l’habit ne fait pas le moine » : et bien si! Nos vêtements sont le symbole, le reflet de ce que nous sommes, de nos valeurs et de notre personnalité. Ne se prépare-t-on pas attentivement pour un entretien d’embauche par exemple ? Si, car les premières impressions sont cruciales: puis-je faire confiance à cette personne ? Est-elle soignée, créative, timide, originale ? Nos habits en disent beaucoup sur ce que nous sommes, c’est d’ailleurs pour ça que nous pouvons jouer avec les styles, les couleurs, les accessoires etc. Prenons conscience de l’importance des symboles et de ce que l’on montre au monde. On ne peut pas dire une chose, faire son contraire et montrer encore autre chose. Il faut donc s’habiller selon notre nature, nos valeurs et notre personnalité.
C – Mode et modestie
Modestie = modération, retenue dans l’appréciation de soi-même.
- Équilibre
Le problème à l’heure actuelle lorsque l’on parle de l’habillement féminin est que l’on veut que la femme fasse ce qu’elle veut, s’habille comme un homme ou comme une femme de mauvaise vie, ou on veut qu’elle s’habille comme une grand-mère ou une religieuse. Il y a un juste milieu ! Coleen Hammond (ancienne présentatrice météo) combat aux États-Unis pour la modestie et la décence. Elle dit notamment: « vos robes doivent être suffisamment cintrées pour que l’on voit que vous êtes une femme et suffisamment lâches pour que l’on sache que vous êtes une dame ».
Modeste ne signifie pas coincée, que jolie ne signifie pas vulgaire. Il faut trouver le juste équilibre, ni un extrême ni l’autre ne sont bons. On peut être à la mode au sens de s’habiller avec des habits modernes, dans le style de notre époque, sans renoncer à nos valeurs et à notre vertu. La mode est importante malgré tout car c’est un vecteur de lien social, l’homme est un animal social et a besoin de sentir qu’il appartient à un groupe. Mais faisons attention de ne pas suivre les modes indécentes ou qui offensent Notre-Seigneur comme le disait la Sainte Vierge à Fatima.
- Applications concrètes
Aujourd’hui on semblerait déguisée si l’on sortait habillée comme il y a 100 ans, avec un chapeau et de longues robes. Ces usages sont tombés en désuétude et pour le moment il serait ridicule de les appliquer à tout prix. En revanche il faut garder la modestie et la pudeur et il y a des règles qui ne changent pas. Épaules couvertes, pas de décolleté plongeant, jupes et robes jusqu’aux genoux : ce sont les limites avec des parties plus intimes, qui peuvent porter à la sensualité et ne doivent pas être montrées en public. De même, il ne faut pas porter de vêtements moulants ou transparents. Cela permet aussi de canaliser notre nature humaine blessée par le péché originel, qui cherche toujours à transgresser les interdits et à dépasser les limites. Et d’autant plus en tant que femmes qui sommes davantage portées à la séduction, à la sensualité ; c’est notre nature qui est faite ainsi (nous sommes plus dans les émotions et les hommes plus dans la raison) et il faut donc être très prudentes.
« C’est bien beau ce que tu dis mais moi je ne suis pas belle ou je ne sais pas comment faire, je ne trouve pas dans les magasins, je n’ai pas d’idées ». Ne vous en faites pas, il y a des règles de morphologie, des effets d’optique, des astuces concrètes pour s’améliorer, trouver son style tout en respectant règles de décence et de pudeur. Cela permet de se respecter soi-même et de respecter les autres. « Soyez vous-même les autres sont déjà pris » (Oscar Wilde). Tâchons d’être bien avec nous-même pour pouvoir rayonner autour de nous l’amour de Dieu, la beauté, la joie chrétienne. Comme disait Staci Eldredge, « toute femme a une beauté à dévoiler. Toute femme. Parce qu’elle porte en elle l’image de Dieu ».
Conclusion : Je souhaite vraiment montrer que l’on peut être femme, belle, intelligente, courageuse tout en restant fidèle à notre vocation telle que voulue par Dieu, quel que soit notre état (mariée, religieuse…). Nous avons un rôle important à jouer, de grandes choses à accomplir (mais cela ne signifie pas des choses visibles ou éclatantes aux yeux du monde) : l’éducation d’un enfant par exemple, en collaboration avec le mari, est une tâche extrêmement importante qui ne doit pas être vue comme secondaire ou rabaissant pour les femmes. La modestie vestimentaire doit être vraiment quelque chose qui vient naturellement lorsqu’on a conscience de son importance et de ce que ça reflète. Chaque acte a son importance, le fait de s’habiller aussi. Quoi que le monde nous dise aujourd’hui, on peut être une femme belle, vertueuse, épanouie tout en respectant notre vocation et en préservant notre identité féminine. « Il vaut mieux être détestée pour ce que vous êtes, qu’être aimée pour ce que vous n’êtes pas » (André Gide). Et pour terminer sur une citation de Gertrude von Le Fort s’inspirant elle-même de Saint Augustin : « Sois une vraie femme et fais ce que tu veux ».
Retrouvez les ouvrages de Gertrude von Le Fort, Staci Eldredge et Alice von Hildebrand dans la bibliographie.
Pour écouter la conférence sur La femme éternelle, c’est par ici.
Crédit photo : Pexels.
Quel article ! 👍🏾
Merci 🙏🏾
Merci! N’hésitez pas à aller écouter la conférence, j’ai dit plus de choses à l’oral 😊