Beaucoup d’entre vous m’ont demandé des articles sur l’éducation des enfants et en particulier des filles, notamment au sujet de la pudeur et de la modestie. Ce domaine est bien vaste mais je voudrais déjà vous proposer aujourd’hui le résumé d’un ouvrage de Marguerite Féraud intitulé Un problème féminin: apprendre à vouloir. L’auteur s’intéresse dans cet ouvrage à la place de la volonté dans l’éducation d’un enfant. La volonté est le pouvoir que nous avons d’agir en connaissance de cause, d’être nous-mêmes les maîtres de nos actes. L’objet de notre volonté doit être le bien, et le Bien par essence c’est Dieu, que nous cherchons tous plus ou moins consciemment.
« Notre volonté, pour être libre, n’est pas cependant le moins du monde une arme que nous puissions manier avec dextérité, lorsque le moment vient de s’en servir : il y faut de l’exercice ». Nous sommes dans un monde permissif, qui tend à favoriser l’éducation d’enfants-roi dont les désirs ne sont jamais contredits et la volonté jamais exercée. Beaucoup de femmes se complaisent dans leurs défauts (timidité, compromission, hésitations), cultivent leur image d’une façon presque idolâtre et deviennent égoïstes, gourmandes, vaniteuses, etc, par paresse et par manque de volonté. Leur oisiveté les empêche de se former, de réfléchir, d’adopter une posture de combat et de conquête du Bien. Les jeunes femmes d’aujourd’hui ne doivent pas se laisser aller et porter par le monde, elles doivent avoir de la personnalité et du caractère pour rester droites et parer aux exigences de la vie conjugale et maternelle qui les attend. « Il faut élever les jeunes filles pour le devoir, non pour la jouissance ».
Elles doivent apprendre à se donner (pauvres, malades, familles…). « Il nous faut imprégner toute l’âme des enfants et des jeunes filles de clarté morale, de conscience et de raison ». Cela peut commencer dès tout petit : éteindre les caprices, apprendre à terminer ce que l’on a commencé, apprendre à partager. « L’enfant habitué à l’ordre et à l’effort dans tout ce qui occupe ses premières années s’appliquera davantage qu’une autre à faire plaisir, à mériter des éloges, à éviter les réprimandes ». Si possible, l’auteur recommande de s’occuper soi-même de l’éducation de ses enfants et de choisir des maîtres chrétiens pour l’instruction. L’influence du milieu dans lequel nous évoluons est considérable : en tout homme il y a l’instinct de suivre idées et directions de quelqu’un d’autre, il est donc important de faire évoluer ses enfants dans de bons milieux et de veiller à leurs fréquentations.
La famille moderne est fondée sur l’égoïsme, la famille d’autrefois sur l’autorité. La famille est une puissance sociale précieuse si elle est utilisée pour le bien. Marguerite Féraud nous met cependant en garde sur certains aspects de l’éducation : « ainsi devons-nous faire obéir l’enfant sans explication, parce que tout le monde obéit et les parents eux-mêmes. Quand elle aura grandi et qu’on pourra lui indiquer les raisons de cette loi, on la lui fera accepter ; et à mesure qu’elle s’y trouvera préparée, on s’efforcera de rendre cette soumission de plus en plus libre, de plus en plus consciente. Cette préparation à la liberté morale est l’éducation de la volonté ». Il faut également créer des habitudes: « Tout être doué d’activité spontanée contracte en agissant une tendance à répéter son acte. Plus l’acte a été souvent accompli, plus grande est la tendance à le produire encore ». Il s’agit à la fois de bonnes habitudes physiques (hygiène, sport, nourriture) mais aussi morales (politesse, silence respectueux des parents, soins des habits…). Quand l’enfant devra agir par elle-même, elle sera prête grâce à ces bonnes habitudes.
Il est important de faire lire, d’instruire, de montrer et d’apprendre de belles choses. Une vraie culture intellectuelle permet d’avoir moins besoin de futilités et de distractions. Il doit y avoir un équilibre entre facultés intellectuelles et vertus morales : il est nécessaire de cultiver l’âme en même temps que l’esprit. « Il faut apprendre aux jeunes filles à vouloir et à faire le bien sans dureté, comme sans paresse: c’est-à-dire avec un amour patient, une charité efficace et persévérante ». L’enfant doit se rendre compte de la chance qu’il a et du bien qu’il peut faire autour de lui (ne pas oublier qu’il y a des gens dans la misère, qui ne mangent pas à leur faim, qui ont froid…).
Stuart Mill décrit ainsi l’idéal de la femme moderne : « ce serait de réaliser une personne complète dans ses facultés, propre à toutes les tâches et à toutes les épreuves de la vie ; mais qui les accomplirait avec une grandeur d’âme, une force de raison et une tendresse de cœur très au-dessus de ce qui a lieu maintenant, sauf peut-être chez les plus admirables caractères, dans leur moment de plus grande exaltation ». William Murray dit quant à lui : « le but final est bien de créer à la femme une personnalité, de mettre en elle de quoi réaliser une destinée qui lui appartienne; et, par là, de lui apprendre aussitôt que possible à penser et à bien penser, à vouloir et à bien vouloir, à se conduire et à bien se conduire par elle-même ». Il faut devenir une personne de volonté, mais une volonté qui tend vers le bien.
Enfin, nous pouvons conclure ce résumé par cette parole de Payot : « Il s’agit, pour exercer la volonté, plutôt d’accomplir un grand nombre de petits actes, que d’entreprendre de grandes choses. Bien plus que par les élans d’où l’on retombe quelquefois d’une chute plus profonde, c’est par les petits sacrifices, les gains modestes que l’on accroît son empire sur soi-même, que l’on augmente sa force morale ; peu suffit à chaque jour, si chaque jour acquiert ce peu ».
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Crédit photo : Lori Romney.
Une réflexion sur “De l’éducation des jeunes filles : avoir une volonté qui tend vers le Bien”