La femme dans la société actuelle (2/3)

Femme société 2

Retrouvez la première partie de cet article ici. Je vous remets l’introduction pour que vous puissiez vous replonger facilement dans le contexte, puis j’enchaînerai avec le résumé de la deuxième partie du livre.

« La femme souffre aujourd’hui, mais ce n’est pas, comme elle le suppose, de la rigueur des obligations morales auxquelles elle est soumise, c’est de l’isolement où elle se trouve, isolement dû en partie à l’industrialisme, en partie au relâchement de sa morale. (…) La femme veut aimer et être aimée, elle le veut aujourd’hui comme hier, comme demain, comme toujours, parce que c’est là sa mission. (…) La haute moralité qu’on exige d’elle en matière d’amour, son privilège et son tourment d’aujourd’hui, a été sa plus grande conquête d’hier, est et doit rester le pivot des traditions nouvelles, parce que les conséquences de cette morale sont intimement liées aux plus solides aspirations féminines ». C’est ainsi que Gina Lombroso s’adresse à nous dans la préface de son ouvrage La femme dans la société actuelle. Cette italienne que je vous ai déjà citée à plusieurs reprises nous dresse dans ce livre un tableau des injustices réelles et injustices apparentes dont souffrent les femmes à son époque (années 1930), ainsi que des revendications et plaintes féministes les plus courantes auxquelles elle vient apporter une réponse claire et pleine de bons sens. Même si ses propos datent un peu, ils sont toujours d’actualité et vont vraiment au fond des choses. Je me propose aujourd’hui de vous en résumer les grandes lignes.

Dans cette deuxième partie, Gina Lombroso aborde quatre grandes revendications féministes de son époque, et tente de voir si elles sont de vraies injustices ou non. Tout d’abord en ce qui concerne la politique, notre auteur souligne à juste titre que « l’exclusion d’une fonction publique présuppose, d’un côté, une aspiration à la remplir, de l’autre, une volonté arrêtée d’en interdire l’accès ». En réalité, la femme n’a jamais été exclue de la politique, je vous renvoie d’ailleurs au livre de Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, qui prouve bien que ces allégations sont historiquement fausses (vous le trouverez ici). Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les femmes étaient exclues de l’électorat politique, mais les hommes du commun non plus ne pouvaient pas s’occuper de politique et obtinrent le droit de vote plus tard avec beaucoup plus de difficultés que les femmes. Selon notre pertinente italienne, si les femmes sont moins représentées en politique à son époque c’est principalement parce qu’elles ne s’y intéressent pas et ont d’autres préoccupations, notamment leur famille. De plus, la politique n’est pas spécifiquement conforme à leur tempérament, ni à leur psychologie : la femme a davantage tendance à se préoccuper de son cercle proche, et du temps présent ; elle est plus dans la pratique que dans la théorie, elle n’est pas faite pour user de force ni d’armes à des fins politiques. Cela ne l’empêche pas d’exercer son influence, indirectement, d’une autre façon. L’auteur entre ensuite davantage dans les détails et analyse les arguments de l’un et l’autre point de vue.

Gina Lombroso aborde ensuite la question des études masculines (considérées comme telles à son époque: philosophie, latin, grec, mathématiques…), dont les femmes auraient été écartées pour les empêcher de laisser une trace dans le monde actuel, leur interdire de s’élever dans le domaine intellectuel et leur fermer un certain nombre de fonctions. Tout d’abord, l’auteur prend le temps de nous rappeler que faire des études ne signifie pas être un génie, de même que ne pas en faire ne signifie pas que l’on a la tête vide. De plus, comme pour la politique, elle nous prouve qu’historiquement, que les femmes n’ont jamais été écartées des études et de l’instruction. Il s’agit simplement des goûts naturels des femmes qui sont généralement plutôt portés vers les disciplines artistiques ou pratiques (dessin, mode, couture…). Les femmes se trouvant dans la nécessité de travailler devraient donc privilégier des études qui soient adaptées à leur tournure d’esprit, leurs centres d’intérêt et leur façon d’appréhender le monde qui les entoure. « Concluons : la femme n’a jamais été systématiquement exclue des études masculines : elle en a souvent été exemptée, au cours des siècles, comme elle l’a été des carrières, des professions, des métiers auxquels on estimait qu’individuellement ou socialement elle n’était pas adaptée. Pour nombre de femmes, les études masculines sont une torture dont le résultat, nul quant à l’élévation morale, est contestable au point de vue de l’élévation intellectuelle ».

Passons à la troisième injustice dont seraient victimes les femmes : la séparation des sexes. Ce n’est plus un sujet d’actualité, mais dans cette partie l’auteur analyse le pour et le contre des écoles et activités mixtes avant un certain âge, et la question n’est pas si facile à trancher. Je vous cite donc simplement cet extrait : « dans les siècles et les pays où cette ségrégation des sexes a été ou est encore fidèlement observée, la femme a joui et jouit encore du plus grand prestige, devient le modèle auquel l’homme aspire et qu’il copie souvent moralement et matériellement. C’est ce qui est advenu au Moyen-Âge quand, sous l’influence du christianisme, la perfection morale de la femme est devenue le modèle des deux sexes ».

Concluons cette partie en abordant rapidement la dépendance de la femme au regard de l’homme. À l’époque de Gina Lombroso, les femmes étaient assez surveillées par leur mari, père, frère, etc. Mais le faisaient-ils par plaisir ou pour leur intérêt égoïste et personnel ? En effet, « surveiller, avoir charge d’âme, implique une responsabilité, une perte de temps, de force, d’énergie qui n’est un plaisir pour personne ». Ce « contrôle » évitait simplement aux femmes de tomber, à cause de leur sentimentalisme et de leur romantisme, aux mains d’hommes mal intentionnés ou inconstants. Il faut bien garder en tête que « ce ne sont pas tant les êtres inférieurs mais les êtres supérieurs qui ont besoin de protection et de défense: tels les Rois, telles les fleurs de serre, telles les pierres précieuses ».

Bien entendu, ces réflexions sont adaptées à l’époque et au contexte dans lesquels vivait Gina Lombroso. Cependant je crois qu’elles peuvent nourrir notre esprit et nous aider à analyser avec plus de recul certaines revendications féministes actuelles. La fin du résumé la semaine prochaine 🙂

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La femme dans la société actuelle

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Crédit photo : Pexels.

Une réflexion sur “La femme dans la société actuelle (2/3)

  1. Anne dit :

    Bonjour,
    Merci pour le résumé de ce livre qui montre combien la condition féminine s’est étriquée aux siècles derniers.

    J’apprécie énormément Anne-Marie PELLETIER avec son livre consacrée aux femmes dans le christianisme et Régine Pernoud (La femme au temps des cathédrales et la femme au temps des croisades) qui montrent des femmes échevins (dans les villes du Sud Ouest), des abbesses instruisant les papes, des reines favorisant l’apparition de l’amour courtois, des femmes sachant se battre (simple nécessité dans un monde semé d’embûches), des paysannes également propriétaires des terres du couple, sans se poser la question de la féminité tellement elle allait de soi.

    Bien à vous.

    • femmeapart dit :

      Merci pour votre commentaire 🙂 J’ai lu La femme au temps des cathédrales mais c’est vrai que je le trouvais difficile à résumer dans un article… Je ne connaissais pas Anne-Marie Pelletier, je vais me renseigner 😉

  2. Anne dit :

    Elle explique la mysoginie qu’on peut trouver chez certains commentateurs à travers les siècles, renvoyant les femmes à leur foyer en les mettant à disposition des hommes. Mais dans le même temps, elle montre combien ces discours ont perpétuellement mis en balance par d’autres (parfois des mêmes auteurs) et par les faits, les femmes s’impliquant certes dans les arts mais également dans l’enseignement, la politique , les affaires matérielles et spirituelles de leur temps avec la bénédiction des plus hautes instances spirituelles. J’ai ainsi découvert que la 1ère encyclopédie a été rédigée par la mère abbesse du Mont Odile.
    Les 2 datent l’infantilisation sociale, intellectuelle et économique des femmes de la renaissance avec le retour en grâce de la philosophie grecque et surtout suite aux lois napoléoniennes.
    On remarquera que l’idéal de la femme au foyer est, dans les faits, très récent : c’est celui de la bourgeoisie du XIX e repris par la petite bourgeoisie après la seconde guerre mondiale.

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