La décence se mesure-t-elle en centimètres ?

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C’est un débat qui revient très souvent sur ma page Facebook ou les commentaires de divers articles du blog. Pourquoi fait-on des histoires pour quelques centimètres de vêtement en plus ou en moins ? Que ce soit au niveau du décolleté, des manches, de la longueur, en quoi quelques centimètres peuvent « changer la donne » et nous faire basculer du côté de l’indécence ou au contraire de la décence ? Comment savoir trouver le juste milieu ? D’ailleurs, est-ce que la quantité de tissu compte vraiment plus que notre intention, nos dispositions intérieures et la pureté de notre âme ? À l’inverse, l’on peut être entièrement couverte et pourtant manquer de modestie et de décence dans son attitude. Je sais que c’est un sujet assez sensible, et j’espère que vous trouverez quelques réponses à vos questions dans ce nouvel article.

On m’oppose souvent l’objection suivante : en général, ce sont les filles les plus à-cheval sur la modestie qui ont une vie déréglée ou totalement en désaccord avec ce que semble prôner leur façon de s’habiller. C’est un constat bien triste, mais en quoi cela va-t-il changer votre façon de voir la modestie ? Certaines filles habillées modestement n’ont que peu de vertus, donc je ne vais plus m’habiller modestement car cela ne veut plus rien dire ? On argue parfois également que c’est une rigidité trop grande au niveau des règles de décence vestimentaire qui poussent certaines personnes à aller complètement à l’opposé en terme de modestie et d’élégance. Certes, il arrive parfois que dans quelques familles ou écoles les discours sur la modestie ne soient pas très délicats, ni très nuancés, voire pas du tout adaptés aux enfants qui sont en pleine crise d’adolescence par exemple. Je suis également d’accord pour dire qu’il n’est absolument pas cohérent d’appliquer les principes de modestie vestimentaire sans prendre autant, si ce n’est plus, soin de son âme.

Si j’ai créé ce blog, c’est aussi pour rappeler tout ceci : sans élégance de cœur, il n’y a pas d’élégance, idem pour la modestie. Veiller à la décence de sa tenue doit aller de paire avec le soin que l’on prend de son âme. Effectivement, « pinailler » pour quelques centimètres n’a aucun sens si nous ne faisons pas d’abord attention à notre âme. Ceci étant dit, nos « bonnes » intentions ne sont pas suffisantes non plus et ne nous autorisent pas à nous habiller n’importe comment. La deuxième chose à ne pas oublier, c’est que nous vivons dans un monde qui a complètement perdu ses repères. Nous ne pouvons pas choisir comme référence vestimentaire (que ce soit en terme d’esthétique ou de modestie) ce que nous proposent les magazines féminins actuels, par exemple. Cela ne signifie pas non plus que nous devons aller dans d’autres extrêmes et couvrir nos chevilles de peur qu’un homme ne s’évanouisse en les voyant 😉 On peut s’habiller de façon actuelle tout en respectant certaines limites de bon sens concernant la pudeur.

Si l’on prend le monde comme point de repère, alors le fait de s’habiller juste au-dessus du genou est déjà plutôt long, étant donné que la plupart des filles sont en jupe ou en short vraiment très courts. Le genou est un repère facile à donner, une limite visuelle concrète. Cela évitera la tentation de toujours raccourcir, toujours aller plus haut (ce que nous sommes toutes plus ou moins tentées de faire). Sans même s’en apercevoir, on porte des choses de plus en plus courtes ou décolletées. A force de voir notre peau de plus en plus exposée, cela nous choque de moins en moins et nous nous permettons, au fur et à mesure, davantage de libertés.

Comme le soulignait, à juste titre, l’une d’entre vous, la vertu n’est pas non plus une question de centimètres, et, plutôt que de toujours rester près de la limite et donner le minimum, pourquoi ne pas essayer de faire preuve d’un peu de largesse dans ce sens aussi ? Si cela peut vous donner encore quelques arguments, lorsque l’on est vraiment « limite », que ce soit au niveau de la longueur de la robe ou du décolleté, alors on risque, au moindre mouvement, de tout dévoiler. Si votre jupe arrive tout juste au-dessus du genou lorsque vous êtes debout et statique, pensez que lorsque vous allez marcher, elle va remonter un peu. Et cela sera la même chose pour chacun de vos mouvements : se baisser pour ramasser un papier, lever les bras pour attraper quelque chose sur une étagère, etc. Il en va de même pour le décolleté. Si, lorsque vous vous regardez en face dans le miroir, il est tout « juste » en profondeur, pensez à ce qui va arriver lorsque vous aller faire certains mouvements, comme vous pencher, prendre un enfant dans vos bras, etc.

Enfin, parce qu’il faut toutes sortes d’arguments pour que chacune y trouve son compte ;-), rappelez-vous qu’un genou n’est clairement pas, quel que soit l’âge, le bronzage ou la taille, la partie la plus esthétique de notre anatomie. Ce n’est pas moi qui le dit ! C’est Edith Head, une célèbre costumière hollywoodienne ayant gagné 8 fois l’Oscar de la meilleure création de costumes: « Même les plus belles jambes ont l’air plus jolies lorsque le genou est couvert« . Pour finir, je vous laisse réfléchir à ces paroles extraites du livre d’Antoine Delclos, La Pudeur: « On dit qu’un centimètre de plus ou de moins dans la longueur d’un vêtement est sans importance. (…) Nous disions que la vue est le sens le plus voisin de l’intelligence, celui qui s’articule le plus intimement avec elle ; tous les deux s’accordent sur un même désir, le désir de la totalité. D’habitude, nous n’aimons pas comprendre et voir les choses « à peu près ». Il suffit de connaître une partie d’une réalité quelconque pour désirer connaître le tout – quel que soit l’intérêt qu’offre une chose – et se procurer les moyens d’y parvenir. (…) Il arrive donc un moment où un centimètre en plus ou en moins acquiert une réelle importance : un centimètre en moins met à nu une partie de l’unité anatomique impersonnelle, et la tenue devient alors suggestive, voire provocante. Par ce minuscule centimètre, la personnalité peut s’évaporer et, au regard du prochain (celui qui est proche), le corps perd sa transparence ».

pudeur

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Crédit photo : Pexels.

8 réflexions sur “La décence se mesure-t-elle en centimètres ?

  1. Edel dit :

    Petite remarque : la décence d’un vêtement est aussi fonction de la morphologie de celle qui le porte, et il y a donc une part de variable.

    Par exemple, une femme aux formes affirmées sera plus vite indécente qu’une femme avec très peu de formes.

    C’est pourquoi le « sous le genou » n’est pas une réglée très pertinente : avec certains corps ce sera déjà presque indécent (oui), avec d’autres comme le mien, on aura déjà l’air d’une bonne soeur en civil…

    • femmeapart dit :

      Effectivement, un même vêtement pourra avoir un effet totalement différent sur deux personnes qui ont une morphologie différente. Ceci dit, les règles de décence sont les mêmes, il suffit d’adapter le style, les formes et les tissus en fonction de sa silhouette 😉

  2. Ménoline dit :

    Petit remarque personnelle liée au sujet l’article : j’ai toujours trouvé que le corps d’une femme était bien plus harmonieux les genoux couverts (je suis naturellement très sensible à l’harmonie des gens et des choses) ! Comme si Dieu nous avait créées de façon à ce que nous sommes plus belles habillées correctement (ce qui est sans doute vrai) !

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