Article paru originellement dans le n°168 du mensuel de la Confrérie de Marie Reine des Cœurs.
Saint Louis-Marie Grignon de Monfort a écrit : « Marie a été très cachée dans sa vie c’est pourquoi Elle est appelée par le Saint-Esprit et l’Église Alma Mater : Mère cachée et secrète. Son humilité a été si profonde qu’Elle n’a point eu sur la terre d’attrait plus puissant et plus continuel, que de se cacher à Elle-même et à toute créature, pour n’être connue que de Dieu seul ». Parler ainsi de la Sainte Vierge, c’est parler de sa modestie. Sa vie, c’est le règne de l’humble et douce modestie.
Marie est modeste dans son extérieur. Elle ne se distingue ni par la sévérité de son maintien, ni par une négligence affectée. Tout ce qui est à son usage porte le caractère de sa condition moyenne et la confond avec les femmes du commun. Ainsi devons-nous porter les insignes de la mesure : ni trop, ni trop peu, si nous voulons nous approcher de la vie de notre Mère. Elle est modeste dans sa tenue vestimentaire, dans son maintien, ses paroles, ses actions.
Marie est modeste dans le monde. Marie fait avec empressement le sacrifice de sa retraite, de la douceur de sa contemplation, pour aller au loin vers sa cousine Elisabeth, la féliciter et la servir. Pendant trois mois, Elle se fait son humble servante et fera le bonheur de cette maison privilégiée. Quand la gloire de son Fils le demande, Marie paraît en public : Elle assiste aux noces de Cana. Elle ne dit rien à sa propre louange, ne s’appuie ni sur son titre de Mère du Messie, ni sur la puissance et la gloire de son Fils, pour s’élever aux yeux des hommes. Sa modestie fait qu’Elle se prête à la charité et s’arrête quand il faut.
Marie est modeste en ses devoirs. Marie les remplit avec douceur, sans empressement, toujours contente de ce qui lui arrive, toujours prête à un devoir nouveau. Elle les remplit tous avec cette égalité de caractère qui ne laisse voir aucune peine et ne demande aucune consolation, et qui n’attire les regards de personne parce que tout est naturel et dans la mesure ordinaire. Beau modèle : toute sa vie ne se compose que de petits actes, de petits sacrifices que Dieu seul doit connaître et récompenser. Elle n’a pour tout honneur et pour toute consolation de son dévouement filial que l’humilité de son devoir, et Elle n’en veut pas d’autre que de plaire à son Maître par un sacrifice continuel d’Elle-même.
Marie est modeste dans sa piété. Marie est élevée au plus haut degré d’oraison que puisse atteindre une créature, vivant dans l’exercice habituel de l’amour parfait. Marie sert cependant son Seigneur dans la forme ordinaire et commune de la piété : Elle suit les prescriptions de la Loi, Elle assiste aux fêtes légales, Elle prie parmi le commun des fidèles. Rien ne La distingue, pas même sa modestie qu’Elle sait cacher. Rien ne révèle, à l’extérieur, la perfection de sa piété, pas même une ferveur extraordinaire.
Marie est modeste dans ses vertus. Elle les possède toutes au suprême degré, les pratique toutes dans leur souveraine perfection, mais sous une forme simple et commune. Son humilité ne voit que la bonté de Dieu, et ne laisse paraître, pour toutes les faveurs qu’Elle reçoit, qu’une humble reconnaissance, sans éclat, sans gloire, que le monde ne remarque même pas.
Marie est modeste en ses sacrifices. Marie se dévoue en silence et suavement. Aucune récrimination, aucune plainte, aucune prière pour en adoucir la rigueur. Elle est modeste en face de la peine de son saint époux. Plutôt que de lui révéler le grand mystère qui s’est opéré en Elle et qui La relèverait tant à ses yeux, Elle subit ses doutes : Elle laisse à Dieu ce soin et se tient calme aux mains de la Providence. Elle accompagne, percée de douleur, son Fils portant sa Croix. Sur le calvaire, Marie souffre en silence. Le dernier adieu à son Fils est silencieux.
Marie est modeste dans sa gloire. C’est le triomphe de la modestie de Marie. Si donc nous voulons être les enfants de cette aimable Mère, il nous faut revêtir sa modestie, en faire le sujet ordinaire de nos méditations. C’est l’héritage que nous laisse Marie : que sa modestie soit la règle de nos vertus.
Abbé Guy Castelain
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Marie, une femme à part … que de justesse et pertinence dans ces écrits
Tout à fait, c’est un exemple pour toutes les femmes !
Cela me rappelle les magnifiques textes du Père Jean-Nicolas Grou (1731-1803) sur Marie. Merci
Avec plaisir 🙂