À la mode et responsable

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Hier j’ai encore fait un tri dans ma garde-robe. Et j’ai rempli un énorme sac de pulls, jupes, robes, petits sacs à main, écharpes à donner… Et je me disais : comment ai-je pu acheter cette jupe qui ne me va pas ? Ce pull de mauvaise qualité ? Cette robe trop courte ? Un peu trop tard pour me poser toutes ces questions me direz-vous. Pourtant il est tout à fait possible d’être à la mode et de rester responsable en même temps. Mais responsable de quoi ? De la planète ? De l’économie ? De l’éthique des marques qui nous vendent tous ces chiffons à moindre prix ? Loin de moi l’idée de vous dire de stopper tous vos achats et de ne plus mettre les pieds dans les magasins. Je souhaiterais simplement partager avec vous les réflexions que je me fais depuis un certain temps et la nouvelle façon dont je me positionne par rapport à la mode.

Prendre 5 minutes pour réfléchir avant chaque achat me paraît un investissement personnel tout à fait raisonnable par rapport aux innombrables bienfaits que vous allez en tirer. Cela vous évitera bien des achats impulsifs souvent inutiles (vous avez déjà 4 robes noires dans votre placard, pas sûre qu’une cinquième soit vraiment nécessaire) ou inadaptés (le bleu-canard ne vous va pas et les jupes cloches non plus, inutile de s’entêter). Un achat réfléchi est donc un achat…intelligent. D’une part, on évite ainsi de vivre au-dessus de ses moyens (certes cette robe à fleurs est magnifique, toujours est-il qu’il vaut mieux garder votre argent pour manger ou mettre de côté pour l’achat de votre voiture). D’autre part, on met toutes les chances de son côté pour investir dans une pièce qui va à notre morphologie, qui correspond à notre style, bref, qui nous met en valeur et que l’on pourra garder (presque) toute notre vie.

Un vêtement de qualité est un vêtement qui vous fera gagner de l’argent (enfin, pas tout à fait, mais disons que l’investissement sera raisonné et rentable). Je prends toujours le temps maintenant de regarder où est fait un vêtement, quelle est sa matière, comment tombe le tissu et surtout si les finitions sont impeccables (si le bouton est déjà à moitié décousu ou que des fils dépassent de la doublure, vous pouvez reposer la robe sur son portant). Cette attention que vous porterez aux détails vous permettra d’acheter uniquement des pièces de qualité, qui auront un joli rendu sur vous et surtout que vous pourrez garder jusqu’à ce que la mort vous sépare (et je n’exagère qu’à peine). Ça vaut le coup, n’est-ce pas ?

Tout cela est bien beau me direz-vous, mais où est passée la notion de mode  ? C’est-à-dire de saisons, de changement, de coupes qui deviennent ringardes d’une année à l’autre et d’une longueur de jupe qui fera tantôt coincée tantôt stylée ? Comment concilier mode et responsabilité ? Être à la mode ne signifie pas forcément acheter une veste à carreaux qui vous grossira sous prétexte que cet imprimé est LA tendance de la rentrée, ni investir dans un manteau oversize qui vous fera ressembler à un garçon manqué alors que vous êtes plutôt du style poupée ou princesse. Être à la mode signifie simplement s’habiller avec son temps, de façon contemporaine, sans se déguiser dans des vêtements d’une autre époque trouvés dans une brocante. Voilà pour l’aspect social qui vous donnera un sentiment d’appartenance au monde dans lequel vous évoluez. Et il doit aller de paire avec ce que vous êtes au fond de vous et que vous voulez (ou pas) montrer au monde.

En effet, si les vêtement ont tout d’abord un rôle tout à fait pratique (protéger notre corps contre les intempéries et les agressions extérieures), ils sont aussi un signe, c’est-à-dire qu’il signifient et symbolisent une réalité invisible. Oui, oui, je parle de vous ! Votre personnalité, votre éducation, vos goûts, votre métier (pensez aux uniformes ou aux habits religieux par exemple), toutes ces choses que vous extériorisez plus ou moins consciemment à travers vos vêtements. Je dis plus ou moins consciemment car je pense que certains choix se font instinctivement et qu’il ne faut pas non plus chercher une interprétation à tout (si j’achète cette chemise bleue ne serait-ce pas un signe tout à fait clair que je suis fleur bleue ?). Cependant, pensez au soin que vous prenez à choisir votre tenue pour un entretien d’embauche et vous verrez le pouvoir et la portée du symbole du vêtement.

Le troisième rôle du vêtement après la protection et le côté symbolique est un rôle de pudeur : le vêtement cache ce qui doit rester cacher, c’est-à-dire les parties intimes de notre corps, celles qui, dévoilées au premier venu, nous transformeraient en simple morceau de chair. Souhaitons-nous vraiment être réduits à notre simple valeur sexuelle plutôt que d’être considérés comme une personne à part entière, faite d’un corps mais aussi d’une âme et d’un esprit ? Je pense pouvoir deviner la réponse de toute personne équilibrée et rationnelle. Pour avoir le respect des autres, il faut d’abord se respecter soi-même. Donc protéger son intimité, son mystère, sa valeur propre. Pudeur et modestie doivent donc être de rigueur lorsque nous choisissons nos vêtements, sans cela il y a fort à parier que nous ne réussirons pas à gagner l’estime de notre prochain.

Forts de toutes ces considérations, je crois que nous pouvons à présent nous recentrer sur notre sujet de départ, la mode responsable et en résumer quelques caractéristiques. Tout d’abord, elle doit être rationnelle: aucun achat ne doit se faire sur un coup de tête ou dans la précipitation. C’est l’une des conditions pour acheter des pièces belles et intemporelles, que vous pourrez remettre très souvent et pas seulement pendant une saison. La deuxième devrait être l’attention portée aux détails et à la qualité: c’est eux qui nous garantiront un achat durable et un investissement judicieux (vous paierez légèrement plus cher au départ, mais vous gardez vos habits bien plus longtemps). N’oublions pas en troisième lieu qu’une mode responsable est une mode juste, qui nous ressemble, nous met en valeur et traduit au mieux ce que nous sommes ou ce que nous voulons montrer au monde. Enfin, tâchons de traduire au mieux par nos vêtements le respect que nous avons envers nous-mêmes et envers les autres : modestie et pudeur doivent être nos compagnes de route sur le chemin de la mode responsable. Car, comme le disait Érasme, « le vêtement est le reflet de l’âme ».

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Crédit photo : Pixabay.

10 réflexions sur “À la mode et responsable

  1. Sylvain Rozelier dit :

    Excellente initiative que cet article qui modère un peu les nombreuses suggestions de tenues en replaçant le tout dans un contexte chrétien de tempérance 😉

  2. Amaëlle dit :

    Voilà une préoccupation qui rejoint tout à fait la mienne, acheter responsable est une entreprise de longue haleine, et parfois même un parcours du combattant quand on cherche à être cohérent. J’essaie de fonctionner pour toute la famille avec une liste d’achats qui me semblent vraiment nécessaires, de choisir les entreprises qui fabriquent en France ou du moins en Europe, d’acheter d’occasion, de donner les affaires qui ne vont plus et d’accepter les affaires reçues ; je fais très peu les soldes, seulement pour les achats qui sont prévus sur ma liste. Il y a toujours des entorses à l’idéal, faute de temps, faute d’argent. Mais il faut voir cela comme une route en étapes, notre toute petite contribution personnelle pour améliorer l’économie. Constituer une liste d’entreprises cohérentes serait intéressant, j’essaie d’en tenir une petite à jour pour nos besoins familiaux.

  3. Castille dit :

    Il y a plein de petits “tips” faciles pour passer à une mode respectueuse et “écolo”, et je trouve que c’est plus simple par exemple que pour l’alimentation, car dans la plupart des cas, il suffit de ne pas faire/consommer. 😉

    – Faire main et au maximum avec des matières françaises. Au début ça peut être onéreux, mais la pièce dure, elle est personnelle et de qualité. Sinon, on sollicite des artisans du coin : en couture, les professionnelles sont désormais pléthore !
    – Donner les pièces, en revendre certaines, pour racheter une suivante de qualité. Ce genre de démarche est facile à faire ! (Attention aux dons de vêtements contre bons d’achat, souvent on a ces réductions pour des produits fabriqués très loin, cercle faussement vertueux)
    – Boycotter littéralement ce qui n’est pas européen, voire français. Particulièrement pour les enfants. J’ai un jour reposé un pull chez Jacadi, made in Bengladesh. L’enfant devait avoir maximum 4 ans de plus que le mien, hors de question. Et écrire aux marques concernées. Plus on le fera plus ils assainiront leur fabrication.
    – Réparer, customiser, ajuster. Un t-shirt passé peut finir en pyjama, de vieux collants en éponges de vaisselle, …
    – Un tri tous les 6 mois, en entier.

    Ici, 18 mois sans pièce neuve sauf enfant, achat au maximum français, et tricot main. 🙂 La méthode des petits pas.

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