Voici quelques extraits du livre passionnant d’Alban Cras, La symbolique du vêtement dans la Bible. Je vous propose d’abord de découvrir le synopsis : « Si sociologues, anthropologues, moralistes et philosophes ont largement démontré l’importance du vêtement comme langage, en revanche « le vêtement dans la Bible » n’a pas suscité de recherches approfondies chez les théologiens depuis l’ouvrage d’Edgar Haulotte, dans les années 1960. Pourtant la Bible fait de nombreuses références au vêtement : depuis les feuilles de figuier d’Adam et Ève, jusqu’à l’habit de gloire des élus, on rencontre le rude manteau des prophètes et la tunique de Joseph et, bien sûr, les vêtements de Jésus, de la Transfiguration au Calvaire. Que symbolise le curieux costume du grand prêtre ? Que signifient les différents vêtements imposés à Jésus au cours de la Passion ? À quoi nous invite saint Paul quand il nous demande de « revêtir le Christ » ? Par ses références bibliques au vêtement et à son symbolisme, l’auteur chemine de la Genèse à l’Apocalypse. Son but est de dégager une « théologie du vêtement ».
« Le vêtement est, au-delà d’une nécessité pour la personne, la première manifestation de son identité, et la condition minimale d’indépendance et de dignité. Le corps à la nudité voilée désigne le sujet, c’est-à-dire l’être humain transcendant la nature animale, non plus objet de convoitise, ou simple objet possédé ».
« À vie ordinaire, vêtements ordinaires, et jamais dans l’Histoire la condition chrétienne ne s’est manifestée par une tenue singulière. Elle demande cependant du baptisé que son vêtement ne contredise pas sa foi, que l’extérieur ne contredise pas l’intérieur. C’est pourquoi on pourra discerner une manière chrétienne de s’habiller, qui n’aura pas seulement rapport à la pudeur ».
« Les vêtements bibliques nous ont confirmé que le vêtement est une interférence dans le regard d’autrui, et, donc, un moyen de communication, disant quelque chose de celui qui le porte avant même qu’il ne s’exprime. Comme le souligne une psychanalyste, M. Balmary, « le vêtement a toujours une importance dans la relation à soi-même ou à autrui. Sa beauté est un agrément pour le prochain comme pour celui qui le porte. Il peut révéler un juste amour de soi et, variant, fût-ce d’un détail, avec l’état d’âme, manifester à autrui la couleur et le ton dans lequel peut aujourd’hui s’établir la relation. Son excès, en plus ou en moins, de l’extrême coquetterie à la clochardisation, révèle la perturbation de l’identité devant le regard. (…) » Le choix d’un vêtement correspond donc au choix d’une identité. En s’habillant on tient un langage, on dit quelque chose« .
« Si l’on dit quelque chose, que doit-on dire en premier ? De la manière la plus évidente, le vêtement se doit de distinguer les sexes (voir Deutéronome, 22, 5). En ce sens, une société qui invente la mode « unisexe » dit quelque chose de son refus de la différence qui entraîne la discrimination. Mais il peut y avoir différence sans discrimination, et la différence des sexes doit être manifestée, de manière à valoriser leur complémentarité. La mode unisexe peut être perçue comme un appauvrissement d’une des expressions humaines les plus visibles et les plus propices à la communication entre les hommes et les femmes. Il s’agit d’une grande nouveauté, qui peut s’avérer dommageable, notamment pour l’établissement de l’identité sexuelle chez les enfants ».
« Le vêtement distingue les sexes, mais pas seulement. Il peut servir aussi à différencier le temps, à distinguer les jours. Un vêtement spécial distingue le dimanche du reste de la semaine, on « s’endimanche », expression qui signifie d’une certaine manière qu’on « revêt le dimanche ». De même on ne porte pas ses vêtements ordinaires pour des événements qui sortent de la banalité du quotidien ».
« Sans apparaître démodés ou décalés, mais en restant libres et toujours « revêtus du Christ », les chrétiens choisiront donc une apparence digne et sobre, en même temps que joyeuse et belle, pour honorer un corps qu’ils ne veulent ni exhiber, ni mépriser« .
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Que dire du premier vêtement créé par Dieu lui-même après la chute à partir de végétaux et de peaux de bêtes ? Après avoir ciselé les merveilles du corps humain dans ses moindres détails, c’est Dieu lui-même qui poursuit sa création : après le corps, le vêtement qui va avec… On peut méditer sur les intentions de notre Père du Ciel en revêtant le corps d’Adam et d’ Ève, dans la plus pure harmonie de ce qui leur était nécessaire. Dieu, Beauté suprême, ne pouvait que créer des vêtement beaux. Soyons-en reconnaissantes et essayons de L’imiter dans son désir de dignité, de chasteté, de beauté, de fonctionnalité aussi…
Merci Thérèse pour ce commentaire tout à fait juste!
C’est bien beau tout ça , le choix du vêtement etc. Quelle injustice pour les vrais miséreux qui n’ont que des guenilles et qui sont trop contents lorsqu’on leur apporte un vêtement potable à leur taille. Pour eux le choix est vite fait , il en va de leur survie et de leur dignité.
Et je vous assure qu’ils ne regardent pas trop au décor…
Tout le reste n’est que verbiage et je ne vous souhaite pas de subir ce qu’ils vivent.
Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une injustice, le monde est fait d’inégalités et c’est triste, mais c’est ainsi. Chacun fait avec les moyens du bord, j’ai déjà trouvé à de nombreuses reprises de magnifiques jupes de grande qualité chez Emmaüs pour 2 euros 🙂 Bon courage !
« La femme forte a ouvert sa main à l’indigent, elle a étendu ses bras et ses mains vers le pauvre. » Rappelons d’abord qu’il y a une obligation sévère et rigoureuse de faire l’aumône , chacun selon ses facultés : il y a pour le riche (et la plupart ont cette richesse relative qui permet de donner quelque chose) il y a pour le riche un commandement exprès de donner au moins une partie de son superflu au pauvre. Le riche n’est point, aux yeux de la foi, un propriétaire de ses biens tellement indépendant qu’il puisse en user et en abuser à son gré : non, le riche est, devant la justice de Dieu, une sorte d’usufruitier qui doit rendre compte au premier Maître de l’univers , de l’emploi de ses trésors; et un des principaux emplois, après un usage convenable et déterminé par la sagesse, est de verser le trop plein de sa fortune dans le sein des pauvres.
Telle femme ferait l’aumône, car elle est bonne, elle est chrétienne, elle est naturellement miséricordieuse; mais elle n’y pense pas : retirée dans son intérieur, elle trouve moins facilement les occasions; rarement cette obligation lui est rappelée : aussi le sens de la charité s’atrophie chez elle; elle devient dure pour les pauvres, non point par système, mais par habitude.
Commencez par prendre sur vos revenus tout ce qui est nécessaire et sérieusement utile, non-seulement aux besoins absolus, mais à la prospérité et au décorum de votre maison. Ayez dans la société le rang que vous devez y tenir, et qu’il soit gardé avec autant de convenance que d’aménité ; je crois dans toutes ces concessions être aussi large que le réclament et votre position et la réputation de vos familles et l’avenir de vos enfants. Mais une fois ces concessions faites, reprenons notre question : Avez-vous fait pour les pauvres tout ce que vous pouviez ? Mgr Landriot, La femme forte.
Les pauvres sont pauvres aussi parce qu’ils ne savent pas toujours se débrouiller. Ils manquent souvent d’habileté, et leur coeur est trop triste pour trouver facilement des solutions. Dans un reportage sur les SDF, je voyais un homme qui devait lutter contre lui-même pour ne pas se laisser aller et rester propre sur lui. Quand on est dans la rue, la tentation de désespoir affaiblit la capacité à prendre soin de soi, sans compter la galère rien que pour laver ses vêtements, etc… Je dirais que la pitié doit être la grande vertu de la femme.
Mgr Gaume : « Le Seigneur Dieu, dont le coeur paternel souffre des coups que sa justice décharge sur les coupables, s’empressa de donner a nos premiers parents une précieuse marque de sa bonté, car c’est dans les plus petites choses que la tendresse se montre plus touchante. Pour leur épargner la honte de leur nudité, il leur procura lui-même des vêtements faits de peau de bête. Cette douloureuse scène du premier jugement de Dieu s’acheva dans le jardin même où le crime avait été commis. »
Les peaux de bêtes signifiaient l’humiliation de l’homme, obligé de porter le poil des bêtes et marquant son avilissement. Le vêtement est là pour couvrir la honte de l’homme, d’après la Bible. Inutile de le cacher. Dans les livres pour les Enfants de Marie, on essayait aussi de bien faire comprendre que les vêtements trop recherchés n’avaient pas lieu d’être, parce que l’habit était la conséquence de la rébellion des passions dans le cœur de l’homme, comme l’habit de la honte.
Les jeunes filles ou jeunes adultes ayant trop tendance à vouloir plaire, il vaut mieux le leur rappeler pour qu’elles s’habillent plus simplement, leur éviter des chutes ou de faire chuter les autres… Rappelons l’exemple biblique de Dina ou même de la chaste Suzanne, surtout à notre époque de corruption généralisée… Mais pourtant, cette jeune fille est habillée « modestement », avec tous les centimètres nécessaires, comment fera-t-elle donc chuter les hommes? Parce qu’elle est naturellement belle et gracieuse, et que si elle attire trop les regards, elle risque d’attirer naturellement autre chose. Ainsi les Vierges Martyres qui, se sachant de grande beauté, faisaient attention à ne pas trop montrer leur visage et arrivaient pourtant à attirer les Olybrius.
Une mise modeste, qui met certes en valeur le printemps de la jeunesse, jolie pour la femme mariée qui doit plaire à son mari, mais aussi une mise simple, simple, simple, et également réservée… Car tout est beau sur une jeune femme pieuse et souriante, tout lui va. Cela dit, rappeler la modestie sur internet ou améliorer les mœurs est un magnifique apostolat, à ne surtout pas décourager. Les hommes font les lois, et les femmes, les mœurs.
Le vêtement est ce qui caractérise dans une grande mesure le comportement extérieur d’un homme, ainsi que le dit le dicton bien connu : « l’habit fait le moine ». Dans la Bible, le vêtement est ainsi une image de la position et de la conduite de l’homme. Ésaïe doit proférer cette plainte : « Et tous, nous sommes devenus comme une chose impure, et toutes nos justices, comme un vêtement souillé » (És. 64, 6). Mais au chapitre 61 (v. 10), nous entendons les rachetés s’écrier en se réjouissant avec joie en l’Éternel : « Il m’a revêtu des vêtements du salut, il m’a couvert de la robe de la justice ». En Zacharie 3, 3, on voit le grand sacrificateur Joshua vêtu de vêtements sales et, de ce fait, être la cible des attaques de Satan. Les vêtements sales sont mis en relation avec l’iniquité qui est ôtée (v. 4). À leur place, Joshua reçoit des « habits de fête », c’est-à-dire des habits qui satisfont aux plus hautes exigences. Dans le Nouveau Testament également, nous trouvons les vêtements comme figure aussi bien de la position du croyant (Matt. 22, 11: la « robe de noces » ; Apoc. 7, 9: les « longues robes blanches ») que de sa marche (Jude 23: « le vêtement souillé par la chair » ; Apoc. 3, 4, 18: des « vêtements souillés » et des « vêtements blancs »). Le fils prodigue reçoit du père « la plus belle robe » (Luc 15, 22). Dans l’Apocalypse, les « robes (blanches) » sont les marques distinctives de différents groupes de rachetés (Apoc. 6, 11; 7, 9; 22, 14).
Pasteur Daniel NKONGOLO/USA