Être dans le monde sans être du monde

Cette conférence a été donnée près de Guingamp le 4 juillet 2020. Retrouvez l’enregistrement audio ici. Je vous copie ici mes notes, pardonnez le style un peu parlé !

Nous sommes parfois face à un dilemme : devons-nous être dans le monde ou pas ? Aujourd’hui, le monde est synonyme de décadence, d’indécence, d’absence de valeurs morales. Nous pouvons avoir la tentation de le fuir, de vivre en autarcie. Ou alors de nous fondre dans la masse, de copier tout le monde pour sentir que nous appartenons à un groupe et à une société (homme = animal social). Regardons l’Évangile selon St Jean : « Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par ta vérité: ta parole est la vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité » (Jean, 17, 15-18). Tout est dit, nous sommes dans le monde et à moins d’avoir une vocation particulière, nous devons y rester. Mais il est nécessaire de nous fortifier afin de ne pas nous laisser contaminer par le monde et aussi nécessaire d’être un exemple. Il s’agit de ne pas se mettre à l’écart, mais de ne pas se mettre en danger non plus.

  1. Se connaître et se sanctifier

Mieux se connaître permet de mieux se sanctifier. Quand on sait ce pour quoi nous sommes faites, ce à quoi nous sommes appelées, comment optimiser et développer les talents reçus, nous pouvons davantage faire le bien autour de nous. Il ne faut pas tomber dans le jansénisme, la recherche de la laideur extérieure, le mépris du corps ou la médiocrité intérieure.

A/ La femme


– Il est important de connaître son corps et son cycle. J’en parle ici et .
– Il est intéressant de connaître les deux modes de la femme : le mode réalisatif et le mode complétif. Mode réalisatif = mener ses projets, écrire, inventer. C’est ce qui nous aide à nous réaliser. Il faut savoir se ressourcer pour mieux rayonner ensuite autour de nous. Il faut nourrir son âme pour pouvoir nourrir les autres, laisser de la place à Dieu pour qu’Il agisse en nous et à travers nous. Mode complétif = prendre soin des autres, être disponible, accueillir, écouter, soutenir, aider, rendre visite. En un mot, c’est se donner, être tournée vers les autres. Associations, bénévolat, aider quelqu’un de la paroisse, maraudes, prendre le temps d’appeler une personne seule, etc. Ne pas se renfermer sur soi ou être égoïste.
– Prendre conscience de notre vocation à la maternité. Le cycle le rappelle chaque mois. La femme participe à un mystère qui la transcende : la capacité à donner et accueillir la vie. Elle est co-créatrice de la vie avec Dieu, ce qui lui confère une dignité particulière. Sa maternité peut être charnelle, spirituelle, surnaturelle.
Son intériorité est importante : elle se voit déjà dans son anatomie, contrairement à celle de l’homme. Ses organes reproductifs sont cachés comme un bien précieux et montrent aussi sa capacité d’accueil. Sa relation au temps n’est pas la même (pas linéaire et « éternelle » comme l’homme, mais cyclique, et avec un début et une fin). Notion de finitude, rareté de la fécondité féminine. De par son côté intérieur, la femme est souvent plus pieuse, ou a une relation à Dieu peut-être plus personnelle que l’homme.
– Mieux connaître son corps, c’est aussi mieux connaître sa morphologie. Cela peut paraître basique, mais c’est aussi cela qui va vous permettre de vous sentir bien dans votre peau, d’être à l’aise et belle dans vos vêtements, de rayonner autour de vous et c’est aussi une forme d’apostolat.

B/ La femme complémentaire de l’homme

Ils n’ont pas le même fonctionnement, ni la même vocation. Dans le récit de la Genèse, nous voyons que la femme a été créée pour l’homme. L’homme se sentait seul, malgré toute la nature qui l’environnait. Il avait besoin d’une compagne, d’une aide qui lui soit semblable. La femme a été faite sur mesure à partir d’Adam (et pas à partir de la glaise) et pour lui spécialement.
“Les différences de caractère entre l’homme et la femme trouvent leur origine dans la création : “Il les créa mâle et femelle” (Genèse, V, 2). L’homme fut créé par Dieu et, à partir de l’homme, Dieu a créé la femme. (…) L’homme, qui vient directement de Dieu, a l’initiative, la puissance, l’origine ; la femme, qui vient de Dieu par l’extase de l’homme, a l’intuition, la réponse, l’acceptation, la soumission et la coopération. L’homme vit plus dans le monde extérieur, parce qu’il a été fait de la terre et qu’il en est plus proche ; sa mission est de la gouverner et de la soumettre ; la femme vit plus dans le monde intérieur, parce qu’elle a été créée à partir d’une vie intérieure, humaine.  L’homme a plus de relations avec la terre, fait des sacrifices pour des choses qui sont futures, abstraites. La femme a plus de relations avec l’humain, a plus tendance à faire des sacrifices pour des personnes et pour ce qui est immédiat. Parce qu’il est plus objectif, l’homme a tendance à donner des raisons à son amour et à ses actes ; la femme, qui est subjective et qui vient de l’homme, a plutôt tendance à aimer simplement pour aimer” (Mariés devant Dieu, Monseigneur Fulton Sheen).
Il s’agit d’être une vraie et sainte femme pour permettre aux hommes d’être de vrais et saints hommes. Nous devons les aider à être forts, à être courageux, à se donner pour le triomphe du Bien, à être chastes, à être pieux, à être soumis à Dieu, à agir pour le bien commun et à accomplir leur devoir politique.

  1. Quelques dangers à éviter

A/ Sensibilité féminine et désir de plaire

La femme est très souvent dans la séduction, car elle veut à tout prix plaire et être aimée. C’est son moteur pour agir ! Mais quand elle devient vicieuse, la femme devient Vénus, c’est-à-dire plaisir, vanité, sensualité, égoïsme. Elle peut finir par aimer l’autre pour soi, l’autre devient sa « chose ». Sa sensibilité peut devenir instabilité, mensonge, vanité, jalousie. Elle peut la rendre fragile, esclave du regard des autres, prisonnière de ses impressions, anxieuse. La femme pense parfois qu’elle est au-dessus des autres, que sans elle le monde n’est rien. Elle croit que la maternité la rend indispensable au monde alors que porter la vie est différent de la donner. Dans la société actuelle, la femme est également poussée à vouloir prendre la place de l’homme. Son besoin de se sentir belle et admirée peut la pousser à une séduction à outrance.
Remèdes : en prendre conscience, connaître ses forces et ses limites pour les voir venir et mieux anticiper. Attention aux tours que peuvent nous jouer nos hormones ! Ayez vraiment la volonté de changer, acceptez les difficultés et les critiques. Essayez de repérer ce qui vous fait le plus de mal (critique, manque d’attention, fatigue ?). N’interprétez pas tout. Apprenez à dompter votre corps et votre volonté, dans les petites ou grandes choses.

B/ L’illusion féministe

Pourquoi illusion ? Parce que ce mouvement donne l’impression d’être bien, de lutter pour les droits des femmes et les protéger alors qu’il n’en est rien. J’en parle dans ce podcast et celui-ci.

C/ Mode et jansénisme

Faut-il être à la mode ? J’en parle dans cet article. Faisons attention à notre nature humaine (blessée par le péché originel) : désir de plaire, toujours chercher à transgresser les limites, à faire plus court, plus moulant, avec ce besoin parfois inconscient d’attirer le regard, de séduire. Nous voulons de l’attention, nous voulons nous sentir aimées, et nous sommes prêtes à tout pour cela.
Je parle dans ce podcast des enjeux de la tenue vestimentaire féminine.

  1. Rayonner autour de soi

A/ Plus une femme est sainte, plus elle est femme


« Plus une femme est sainte, et plus elle est femme. », Léon Bloy. « Je choisis aujourd’hui de reformuler cette citation : « Plus une femme est femme, et plus elle est sainte. » On atteindrait a priori le même but. Peut-être cependant que le résultat différerait car on ne chercherait alors plus à se conformer à un idéal de sainteté en dehors de nous, lointain, inaccessible… Non, soudainement, lorsqu’on y pense en ces termes, la voie semble toute tracée, presqu’aisée. Ou du moins à portée de main : plus je suis femme et plus je suis sainte. Plus j’accueille ma nature, plus j’y consens, plus je la déploie et plus je plais au Seigneur. Et donc finalement cette sainteté à laquelle j’aspire n’est-elle pas simplement le prolongement de ma nature, couronnée par la grâce divine ? » (Agnès, co-créatrice du blog Le Secret de Marie).
C’est tout d’abord intérieur. Mais notre sainteté et notre féminité devraient se voir à l’extérieur, par cohérence mais aussi par apostolat. Cela passe notamment par nos vêtements (modestie, décence, élégance, beauté), mais aussi notre savoir-vivre qui contribue à notre dignité et au respect du prochain. Soyons également attentives à nos choix de vie et d’études. Suivons une route qui nous permet de déployer toute notre puissance féminine et de faire davantage de bien autour de nous. Apportons au monde notre touche particulière : inutile de vouloir copier les hommes ou être en concurrence avec eux.

B/ La féminité, un grand moyen d’apostolat

J’en parle dans cette conférence (la version écrite est ici).
« Soyez ce que Dieu veut que vous soyez et vous mettrez le feu au monde » Catherine de Sienne. C’est en étant vraiment saintes, vraiment femmes, en nous connaissant que nous allons pouvoir rayonner autour de nous. C’est cela être dans le monde sans être du monde : rester où nous sommes mais en restant fidèles à Dieu, à notre vocation, et à nous-mêmes. Ce n’est ni se renfermer, ni se trahir, c’est être bien dans ses baskets, convaincue dans nos valeurs et être prêtes à évangéliser. « S’il y a une femme authentique, ou même sa trace, dans tout ce chaos, la vie peut de nouveau surgir. S’il existe une toute petite étincelle dans les cendres, nous soufflerons dessus jusqu’à ce que le feu embrase tout le bois » – C.S. Lewis

Conclusion

Ne soyons pas la lumière cachée sous le boisseau, mais celle qui illumine la demeure, comme nous le dit Notre-Seigneur lui-même : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée; et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » (Matthieu, V, 14-15). Prenons conscience de nos qualités, de nos faiblesses, sans vanité, sans fausse humilité. Donnons le meilleur de nous-mêmes, soyons de saintes femmes pour élever ceux qui nous entourent. Restons dans le monde, car, a priori, c’est là où nous sommes appelées, mais n’ayons pas peur d’aller à contre-courant du monde.

Retrouvez l’enregistrement audio ici

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Crédit photo : Pexels.

4 réflexions sur “Être dans le monde sans être du monde

  1. Clotilde dit :

    Merci pour cet article.
    La difficulté tient au fait qu’il faut s’adapter. Mais jusqu’à quel point ? Franchement on ne peut vraiment plus s’adapter aujourd’hui, tous les changements sont volontairement anti chrétiens !! Il faudrait surtout s’investir pour changer les choses, parce qu’à force de « ne pas vivre comme on pense, on finit par penser comme on vit ». Faut il envoyer nos enfants à l’école et dans des activités « dans le monde » où ils risquent de croiser d’autres enfants qui ont « 2 papas »…? On n’est même plus au niveau des mauvais camarades là, c’est extrêmement grave : il me semble que nous sommes plutôt comme Loth fuyant Sodome et Gomorrhe !!!

    • Evelyne dit :

      Cela ne me concerne pas. Si je suis abonnée à ce site c’est pour avoir des vêtements montrant que je suis d’une classe plus élevée et fais partie d’une certaine élite : eurocrate retraitee et que je ne partage là mentalité de certaines personnes peu instruites, de métiers au service des autres qui croient tout savoir. Tous ces raisonnements me montrent que malheureusement certaines personnes chrétiennes sont aussi arrierees que les personnes d’une autre religion du sud de la Méditerranée. En lisant tout cela je suis de plus en plus convaincue que ma Débaptisation il y a cinq ans a été une des meilleures de mes décisions.

  2. Clotilde dit :

    Le monde actuel est extrêmement pernicieux, il faut le fuir au maximum car il dégouline d’impureté et contre l’impureté il n’y a que la fuite qui sauve ! Combien de personnes s’amollissent au contact du monde … Il faut se forcer à se montrer choqué, vraiment, sinon on accepte de plus en plus de choses mauvaises sans même s’en rendre compte : combien de catholiques regardent des films avec des scènes douteuses, combien ont applaudi au film « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » !!! Ahurissant ! « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps… »

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