« Je m’appelle Sophie, j’ai 52 ans et je suis artiste peintre. J’ai toujours beaucoup aimé m’habiller, ce qui n’a pas été toujours facile car je suis ce qu’on appelle une femme ronde. Depuis mon plus jeune âge, j’ai le souci de mon apparence. J’ai appris à me maquiller très tôt, à m’habiller de façon recherchée, même pour aller au lycée. Il me fallait beaucoup de temps le matin dans la salle de bain. Dès l’âge de 16 ans, mes cheveux, naturellement blond cendrés, ont commencé à blanchir. J’ai immédiatement commencé à les colorer en choisissant de devenir rousse. Avec le recul, je comprends maintenant que, adolescente sensible, je cherchais à me cacher derrière une apparence qui ne reflétait pas la personne que j’étais. Je n’étais donc jamais à l’aise, jamais naturelle tant je me devais de « donner le change », d’être sophistiquée, séduisante. En 25 ans de coloration, j’ai essayé toutes les couleurs du nuancier du coiffeur. Je n’étais jamais satisfaite.

(…) Deux évènements ont alors transformé ma vie : après mon mariage, j’ai mis au monde des jumeaux et des complications hormonales m’ont dotée de 35 kilos que je n’ai jamais pu perdre. Changer à ce point de silhouette a été un traumatisme car j’étais tellement habituée à maîtriser mon apparence ! L’autre évènement est que, pour suivre mon mari, je suis allée vivre deux années en Inde, à Calcutta. Le pays des grosses chaleurs, des cotonnades légères et des saris… Et des cheveux noirs. Comme toutes les occidentales autour de moi, j’ai vite pris l’habitude de m’habiller local. Mais la grosse difficulté était de trouver un coiffeur qui puisse me faire conserver ma couleur, avec parfois des résultats vraiment comiques !

De retour en France, c’est un cauchemar qui m’attendait ! Je devais en urgence me racheter des vêtements chauds. Je trouvais tout moche, tout me gênait, je n’arrivais plus à choisir, à coordonner. Je n’arrivais plus à m’habiller, les couleurs ne me plaisaient pas, les qualités de tissus non plus ! Allez passer deux années dans du coton, du lin et de la soie, vous constaterez vite à quel point les matières textiles occidentales sont devenues moches !! Je dépensais des fortunes en vêtements et pourtant je passais des heures devant ma penderie sans savoir quoi mettre ! Je me sentais vraiment mal.

Un jour, il y a 7 ans, je suis entrée par curiosité dans une boutique du sud de la France où nous passions nos vacances, attirée par l’ambiance de la vitrine : elle était…gaie. À l’intérieur il y avait une cliente. Cette femme m’a immédiatement fascinée. Elle était visiblement plus âgée que moi et avait les cheveux blancs mais elle faisait tellement plus naturelle, épanouie. Sa tenue était composée de vêtements très différents de tout ce que je pouvais trouver dans mes boutiques habituelles… Le contraste entre elle et moi était incroyable. En sortant de cet endroit ma vie venait de changer. Je venais d’avoir la révélation que la seule façon de composer avec son image, c’est de le faire en vérité en accord avec ce que l’on est. Et je ne l’avais jamais fait, ayant toujours cherché à coller aux poncifs de la mode et de la cosmétique.

Après un temps de méditation, j’ai pris la décision de tout changer. J’ai arrêté de me colorer les cheveux. L’étape de décoloration a été un peu longue mais j’ai eu la surprise de découvrir ma vraie couleur, que je n’avais pas vue depuis mes 16 ans, et ce que j’ai découvert a été un cadeau…En fait, elle était beaucoup plus belle que toutes les nuances du coiffeur ! Dans le sud, j’avais découvert un style de vêtements complétement hors mode mais plus authentique, plus féminin. J’ai su qu’il était fait pour moi. En m’inspirant de Marie Kondo, mais aussi de la vie de Tasha Tudor, j’ai donc décidé de réorganiser totalement ma garde-robe, de ne porter que des vêtements qui m’apportent de la joie. Exit donc les pantalons, je ne porte plus que des robes ou des jupes longues, des matières naturelles et des formes agréables. Très peu de créatrices proposent les modèles qui me plaisent et chaque pièce est un investissement. J’ai donc beaucoup moins de vêtements mais cela me convient comme cela. Je n’hésite pas à acheter d’occasion et je me suis également mise à la couture car j’aime beaucoup l’idée de coudre ce que je porte. Mon rapport à l’apparence a totalement changé. Je ne me maquille quasiment plus et fabrique à la maison toute ma cosmétique avec des ingrédients simples et de qualité que je vais parfois cueillir dans mon jardin.

Je crois qu’il est important de sortir l’habillement de la frivolité de la mode. Le vêtement doit refléter notre âme, pas les caprices du moment. Je suis souvent abordée par des femmes qui me disent qu’elles aiment beaucoup mon style, et qu’elles aimeraient bien changer aussi leur façon de s’habiller, mais qu’elles n’osent pas ou ne savent pas. J’ai parfois de la peine en voyant des femmes adopter un vêtement qui ne leur va pas simplement parce qu’il est à la mode. Nous sommes tellement engluées dans la « tendance » ! »

Merci Sophie pour ce magnifique témoignage ! J’espère qu’il inspirera beaucoup de lectrices 🙂

« Par ailleurs, je vous joins une liste des marques préférées. Ce sont des créatrices françaises pour la plupart, qui travaillent avec de belles matières :

– Les Ours

– Audélia d’antan

– L’armoire de Blandine

– Ewa I Walla, créatrice suédoise

– Rhum raisin

– Pour les chemises de nuit : Cotton Lane

– Chaussures : Neosens : »

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