Le rôle de la femme dans la Cité et dans la famille (3/3)

Ces conférences privées ont été données près de Lyon le 25 août 2020. Voici un résumé de la troisième partie (il s’agit de mes notes, pardonnez-en le style un peu oral). Retrouvez-la sur YouTube en cliquant ici.

3ème partie : La mission spécifique de la femme

Avertissement : il est toujours délicat pour moi de parler à des femmes mariées, alors que je suis plus jeune et célibataire/sans enfants. Je ne suis pas ici pour vous juger ou jouer la donneuse de leçons. Cependant, avec mes lectures, mes expériences personnelles (relations hommes-femmes ne s’approfondissent pas uniquement dans les couples, mais aussi entre frère et sœur, fille et père, entre amis, etc), les nombreux témoignages que je reçois, je pense pouvoir apporter certaines clés aux femmes. Les femmes mariées, je vous invite à écouter et à prendre ce qui vous servira. Celles qui ne le sont pas encore, ouvrez vos oreilles et n’oubliez pas que même si vous n’êtes pas forcément encore en âge de vous marier, tout ce que je vais dire peut vous aider à vous préparer à être de bonnes mères, épouses et éducatrices. Cela ne se fait pas du jour au lendemain à partir du moment où vous dites « je le veux ». Cela se travaille, s’apprend, s’exerce, dès l’adolescence. Et si vous ne vous mariez jamais ou si vous allez au couvent ? Cela vous sera tout de même utile, pour vos relations avec les hommes en général, pour pouvoir aider d’autres jeunes filles, les conseiller, etc.

Dans ce troisième exposé, nous allons voir comment mettre en œuvre, concrètement, tout ce que nous avons vu précédemment. Être féminine et être sainte, c’est un beau programme sur le papier, et j’espère vous avoir donné l’envie et le courage de vous lancer (ou de persévérer) sur cette belle voie. Mais il faut maintenant rentrer dans le vif du sujet.

Nous vivons dans une société désordonnée, où le faux devient le vrai, où le laid devient le beau, ou le mal devient le bien. Tout est inversé, tout est vicié. La première chose à faire pour rétablir l’ordre dans cette société révolutionnaire est de rétablir l’ordre naturel dans la première communauté de la société, c’est-à-dire la famille. La famille est la base de la société, la première cellule. Mais c’est une société imparfaite comme nous l’avions vu dans le premier cours. C’est pour cela que le premier devoir est d’abord politique. C’est en agissant au niveau du pouvoir, de la société politique, que l’influence sur la famille sera bénéfique. Comme disait saint Alphonse de Liguori « je préfère convertir un roi que 1000 familles ». Car avec le roi le peuple se convertira. Mais il faut aussi rétablir l’ordre naturel dans la famille, et cela passe notamment par le respect du rôle et des responsabilités de chacun. La société a réussi à mettre un grand désordre notamment en commençant par détruire la famille, et c’est passé surtout à travers la prétendue libération des femmes. Il faut (ré)apprendre à respecter l’autorité du père, à travailler tous à l’unisson pour le bien commun et la perfection de la famille.

Comment vivre et rayonner notre vocation féminine spécifique dans la perspective de la construction d’une société politique orientée vers le bien commun ? Comment former les jeunes filles afin qu’elles aient toutes les clés en main pour prendre cette voie ? Nous allons voir maintenant le rôle de la femme en tant qu’épouse, en tant que mère et en tant qu’éducatrice. Juste avant de commencer, je voulais insister sur le fait que le rôle de la femme est si important, qu’elle peut en faire de grandes et belles choses comme de grands désastres si elle n’use pas de ses capacités à bon escient. Rien n’est anodin, et c’est pour cela que j’ai beaucoup insisté sur la vertu, la sainteté, et le fait de donner le meilleur de soi-même et développer ses talents. Nous ne sommes pas là pour nous tourner les pouces ou exécuter des tâches « logistiques et opérationnelles » pendant que les hommes font tout le travail. Nous devons les seconder, les épauler et surtout prendre nos responsabilités.

Être épouse. Il y a beaucoup de choses que nous faisons inconsciemment et de façon maladroite. À changer d’urgence ! Ce n’est pas valable que pour les époux mais aussi vis-à-vis de nos frères, de nos collègues, de nos amis, etc. Il s’agit tout d’abord de choisir un homme bien et d’aider nos enfants à faire de même. Aider nos filles à bien se connaître, bien s’aimer pour faire de bons choix. Certains livres sont bien utiles : Les langages de l’amour ou Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus. Sélectionner des hommes qu’elles aiment pour leurs vertus, un homme qui les fait grandir aussi. Celles qui sont mariées, c’est, en premier, respecter son mari et l’admirer (et le lui dire !). Lui laisser le rôle de protecteur. Ne pas toujours lui dire quoi faire. Ne pas toujours regarder le négatif / ce qu’il n’a pas fait / ce qu’il a mal fait. Montrer que l’on a besoin de lui, qu’il est utile. Ne pas, pour autant, le solliciter, car l’homme a besoin de sentir qu’il est respecté, et que vous vous sentez en sécurité avec lui. Ne pas essayer de changer l’homme, de l’infantiliser. Ne pas le critiquer devant les autres. Montrer qu’il est le numéro 1 pour vous. Croyez en lui ! Susciter en lui l’envie de vous choyer et de vous protéger. Rôle extrêmement important de la femme : elle a un pouvoir sur le cœur de l’homme, comme nous l’avons déjà dit. Reconnaître son autorité sur soi et sur la famille. Susciter sa confiance. Il peut être également difficile de se soumettre à l’homme (que ce soit son époux ou non, on peut parler aussi de façon plus large, hors du cadre du mariage). Mais se soumettre à l’homme c’est se mettre à la fois sous sa protection et sous son autorité. Rappelons également que l’on est tous l’inférieur de quelqu’un. L’homme a autant d’occasions que la femme d’être soumis lorsqu’il s’agit de garantir le bon fonctionnement de la Cité. L’homme agit pour le bien commun et pas pour son bien individuel et égoïste. De plus, n’oublions pas qu’aux privilèges sont toujours attachées des charges correspondantes. Ce sont des petits changements qui donnent ensuite envie à l’homme de changer et d’être meilleur, parce qu’il sent que sa femme a confiance en lui. Prier pour lui, essayer de ne pas l’interrompre, être chaleureuse/accueillante/sourire. S’exprimer clairement plutôt que de faire des sous-entendus. Ne pas le comparer à d’autres hommes.

Être mère. Il y a différentes sortes de maternité (charnelle vs spirituelle) —> on peut se donner autrement (métiers du soin ou institutrice, œuvres paroissiales et sociales…). Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ne signifie pas forcément mourir physiquement mais aussi mourir à soi-même ; faire des tâches pénibles et répétitives. Etc. Parlons aussi du foyer : la femme chrétienne fera de son foyer un endroit chaud et paisible où il fait bon vivre. Je citerai Pie XII : « L’épouse est le soleil de la famille. Mais qu’arrive-t-il si la famille se voit privée de ce soleil, si, continuellement et à tout propos jusque dans les rapports les plus intimes, l’épouse n’hésite pas à faire sentir combien lui pèse la vie conjugale (et je rajouterais la vie familiale). Où est son affectueuse douceur ? Elle ne fait, hélas, par sa voix âpre, ses plaintes et ses reproches, que jeter le trouble et l’amertume dans l’intimité de la vie familiale. Ainsi les maris vont chercher ailleurs la tranquillité, le repos, le plaisir que ne leur donne pas leur propre maison. Voilà jusqu’où peut aller, épouse, votre part de responsabilité dans la concorde du bonheur familiale ». Nietzsche : « L’homme doit être élevé pour la guerre et la femme pour le repos du guerrier« . Rayonner de bonheur, être sereine même dans les épreuves. Manuel de survie d’une mère de famille. Ne pas se mettre la pression, savoir demander de l’aide, et savoir prendre du temps pour soi. Accepter que tout ne soit pas toujours parfait, 100% propre et désinfecté, etc. Mère au foyer : j’insiste souvent sur ce sujet, car même dans nos milieux nous commençons à être contaminés par cet esprit de « les femmes DOIVENT travailler ». Bien sûr, dans beaucoup de cas c’est nécessaire, ne serait-ce que pour des questions financières. Il y a des exceptions, évidemment, car nous ne sommes pas en science métaphysique mais en science humaine où l’absolu n’existe pas… C’est la vertu de prudence qui régit ces choix, mais sur base de principes intangibles. Ce qui est dangereux c’est le changement d’état d’esprit, on ne pense plus au bien des enfants, on se laisse contaminer par toutes ces idées de « libération de la femme ». Il faut être dans le vent, vivre à son époque… Quand on n’a pas le choix, pas de problème bien sûr (veuves, célibataires….), c’est du bon sens. Mais le principe reste le même et il ne faut pas perdre de vue que ce sont des exceptions.

Être éducatrice. Qu’est-ce que l’éducation ? Former l’intelligence et la volonté vers la fin pour laquelle les hommes sont créés. Les parents, premiers éducateurs, ont le devoir de donner à la société des hommes bons, faisant le bien. Cela se fait directement dans la famille, puis dans le choix des éducateurs subsidiaires tels que les professeurs. On n’éduque pas que ses propres enfants. Toutes doivent se préparer à cela, même si elles ne sont pas mamans (institutrices, etc). Éduquer, c’est déjà montrer l’exemple (attitudes, tenue vestimentaire, paroles…). Éducation de la vertu : donner à l’enfant le goût de la véritable beauté morale. L’habituer à vivre dans la présence de Dieu et dans la compagnie des saints. Lui donner envie de plaire à Dieu, puis de plaire à ses parents en particulier par vertu d’obéissance et de piété filiale. Lui inculquer le dévouement et le sacrifice pour le bien commun, la bonté et la joie chrétienne. Appuyer le père. Accepter de sanctionner ou d’être ferme, ce qui est parfois plus difficile pour les femmes. Par amour on pourrait avoir tendance à être indulgente, à laisser passer, etc. Le vrai amour c’est de montrer la bonne voie, même si c’est exigeant. Compléter notre propre éducation/culture afin de pouvoir transmettre quelque chose mais aussi pouvoir échanger avec son mari et faire grandir ses enfants. Se former afin de ne pas se laisser désinformer ou manipuler. S’investir dans la lutte contre l’illusion féministe. C’est une idéologie vicieuse, qui fait la joie des franc-maçons pour la destruction de la famille, et la joie du capitalisme (deux salaires à taxer plutôt qu’un seul). Danger de la prétendue libération de la femme (avortement, pilule, travail), de son souhait de la désaxer, de la sortir de son axe. Simone de Beauvoir : « Aucune femme ne devrait être autorisée à rester à la maison pour élever ses enfants. La société devrait être totalement différente. Les femmes ne devraient pas avoir ce choix, précisément parce que s’il y a un tel choix, trop de femmes le choisiront ».

Citation de Pie XII : « Laisseriez-vous à d’autres, à celles qui se sont faites les promotrices ou les complices de la ruine du foyer familial, le monopole de l’organisation sociale dont la famille est l’élément principal comme unité économique, juridique, spirituelle et morale ? Le sort de la famille, le sort de la communauté humaine sont en jeu : ils sont entre vos mains, tua res agitur. Toute femme, par conséquent, sans exception, a, entendez bien, le devoir, le strict devoir de conscience de ne pas rester absente, d’entrer en action (dans les formes et de la manière qui conviennent à la condition de chacune), pour contenir les courants qui menacent le foyer, pour combattre les doctrines qui ébranlent ses fondements, pour préparer, ordonner et mener à bien sa restauration. À ce motif impérieux qu’a la femme catholique de s’engager dans le chemin ouvert aujourd’hui à son activité, s’en ajoute un autre : sa dignité de femme. Elle doit concourir avec l’homme au bien de la cité (…). Tous deux ont le droit et le devoir de coopérer au bien total de la société et de la patrie. Mais il est clair que si l’homme est, par tempérament, plus porté aux affaires extérieures, aux affaires publiques, la femme possède, généralement parlant, une plus grande perspicacité et un tact plus fin pour comprendre et résoudre les délicats problèmes de la vie domestique et familiale, base de toute la vie sociale, ce qui n’empêche pas que certaines savent faire preuve d’une grande compétence dans n’importe quel domaine de l’activité publique. »

Conclusion

“Les femmes ne devraient jamais penser que leur travail est moins important que celui des hommes. Le rôle de l’épouse, de la mère et de la ménagère n’est pas inférieur au rôle masculin de bâtisseur de la société et de soutien de famille. Tous les deux sont des piliers de la société.” Helen Andelin, L’univers fascinant de la femme.

Comment conclure ces quelques mots sinon en parlant du modèle par excellence pour toutes les femmes chrétiennes : La Vierge Marie. Elle est bel et bien la femme chrétienne qui traverse les générations en restant à jamais un modèle vivant pour chacune d’entre nous. La vierge Marie est une leçon universelle. D’ailleurs, quoique supérieure à saint Joseph (en vertus naturelles, en sainteté, en intelligence, en charité…), elle lui est soumise en tant qu’épouse et ne remet pas en question son rôle de chef de famille. Saint Joseph est et reste le patron (ordre naturel), même s’il lui est inférieur devant Dieu (ordre surnaturel). Avec la Sainte Vierge, on apprend par elle de quelle manière il faut se comporter dans la prospérité, dans la prière et dans le travail, dans les honneurs et dans les humiliations, dans le célibat et le mariage, dans la jeunesse et la vieillesse. « Courage donc, femmes et jeunes filles catholiques ! Travaillez sans relâche et sans vous laisser jamais décourager par les difficultés et les obstacles. Soyez, sous l’étendard du Christ-Roi, sous le patronage de la Mère admirable, Reine des mères, les restauratrices du foyer, de la famille, de la société. » Pie XII

Nous pouvons terminer par cet extrait du Livre des Proverbes, bien connu, qui montre l’importance du rôle de la femme, de la femme forte, courageuse, qui ne néglige pas son devoir et, ainsi, plaît autant à Dieu qu’à son mari. On est loin de l’image de potiche donnée à l’heure actuelle aux femmes au foyer, que l’on voit même dans nos milieux, parfois. Comme toujours c’est une question d’équilibre : il ne faut pas se mettre au-dessus des autres ou se croire supérieure, ne pas non plus penser que l’on est une serpillère, et que l’on n’a pas le droit de penser ou agir par nous-mêmes. Il faut simplement que tout se fasse dans l’ordre des choses !

Qui peut trouver une femme forte ? Son prix l’emporte de loin sur celui des perles. Le cœur de son mari a confiance en elle, et les profits ne lui feront pas défaut. Elle lui fait du bien, et non du mal, tous les jours de sa vie. Elle recherche de la laine et du lin, et travaille de sa main joyeuse. Elle est comme le vaisseau du marchand, elle apporte son pain de loin. Elle se lève lorsqu’il est encore nuit, et elle donne la nourriture à sa maison, et la tâche à ses servantes. Elle pense à un champ, et elle l’acquiert ; du fruit de ses mains, elle plante une vigne. Elle ceint de force ses reins, et elle affermit ses bras. Elle sent que son gain est bon ; sa lampe ne s’éteint pas pendant la nuit. Elle met la main à la quenouille, et ses doigts prennent le fuseau. Elle tend la main au malheureux, elle ouvre la main à l’indigent. Elle ne craint pas la neige pour sa maison, car toute sa maison est vêtue de cramoisi. Elle se fait des couvertures, le byssus et la pourpre sont ses vêtements. Son époux est bien connu aux portes de la ville, lorsqu’il siège avec les anciens du pays. Elle fait des chemises et les vend, et elle livre des ceintures au marchand. La force et la grâce sont sa parure, et elle se rit de l’avenir. Elle ouvre la bouche avec sagesse, et les bonnes paroles sont sur sa langue. Elle surveille les sentiers de sa maison, et elle ne mange pas le pain d’oisiveté. Ses fils se lèvent et la proclament heureuse ; son époux se lève et lui donne des éloges.

Voici une femme qui a tout compris, qui fait le bien, gagne le respect de son mari et plaît à Dieu, et c’est tout ce que je vous souhaite.

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4 réflexions sur “Le rôle de la femme dans la Cité et dans la famille (3/3)

  1. Clotilde dit :

    Merci Thérèse pour cet article. Et ne vous justifiez pas : vous exposez des principes, votre état de célibataire n’y change rien. Un prêtre peut tout aussi bien s’en charger ! Merci en tout cas pour votre délicatesse

  2. Marit dit :

    Merci pour cet article intéressant bien que je ne partage pas toutes vos idées.
    Qu’entendez-vous par « nos milieux » ? Vu le nombre de femmes de tous horizons qui suivent votre blog, à quoi cela correspond-il ?
    Avez-vous l’une ou l’autre référence dans lesquelles on parle de la soumission de Marie à Joseph ? Dans mon souvenir, les Évangiles n’en disent rien. Je ne vous cache pas que cette idée de soumission des femmes aux hommes me laisse extrêmement perplexe, c’est pourquoi je souhaite approfondir le sujet.

    • Thérèse dit :

      Avec plaisir ! Je parlais des milieux catholiques 🙂 Il suffit de lire les Ecritures pour voir que c’était Saint Joseph le chef de famille, c’est à lui que l’ange est apparu pour conduire sa famille en Egypte par exemple. De même que Jésus était soumis à ses parents…

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