Cet article a été écrit par les sœurs de la Fraternité Saint Pie X. Je le reproduis ici avec leur aimable autorisation.
« Messe à 7h du matin ?! Que faire ? » Ainsi pensait en son for intérieur Mme de Fontgalland lors de son séjour estival à la campagne. Bonne chrétienne, elle aimait à se rendre à la messe en semaine… mais pas si tôt. Ici, en province, il n’y a qu’une messe à l’église paroissiale, et c’est une messe matinale. A quelle heure va-t-il falloir se lever le matin ? Une idée lui vient. Elle ne manquera pas la messe ; mais, levée à la dernière minute, elle passe un long manteau par-dessus ses effets de nuit, cache ses cheveux sous un large chapeau, et se rend à l’église. Personne ne remarque le subterfuge ; voilà qui est parfait. Elle avait compté sans son petit Guy. Un matin, il la dévisagea d’un regard sévère : « Maman, pourquoi t’habilles-tu comme cela pour aller recevoir Jésus ? Tu n’en ferais jamais autant pour une de tes amies. » Que reprochait Guy à sa maman ? Un habillement peu décent ? Non. Au contraire, nous pouvons être assurés que, vu de l’extérieur, elle était très décemment habillée. Que lui reprochait-il donc ? « D’aller à la messe ainsi vêtue, bien sûr », disons-nous peut-être. Pourquoi donc cela ne convient-il pas ? La raison en est-elle aussi évidente qu’il semble ?
Le vêtement – un des traits distinctifs de « l’animal raisonnable » – ne remonte pas à la création d’Adam, mais à sa chute. Les divers aspects de la question vestimentaire sont plus aisés à comprendre lorsqu’on les considère dans la lumière de leur origine. Tout de suite après avoir péché, Adam et Ève ont cherché à se fabriquer des vêtements. Désormais privé de la science infuse, Adam pris ce qui lui semblait le mieux : de larges feuilles. Cet habit ne plut pas à Dieu. Oui, techniquement, l’homme s’était couvert de quelque chose, mais notre Père céleste voulait mieux pour ses enfants. De par la grâce, ne sommes-nous pas de peu inférieurs aux anges ? La Bible nous enseigne que Dieu lui-même se chargea de pourvoir Adam et Ève de vêtements plus dignes : « Dieu fit à Adam et à sa femme des tuniques de peau et les en revêtis. » (Genèse, 3 : 21). Il est intéressant de noter au passage que les premiers animaux sacrifiés le furent pour cette raison. L’habillement d’un enfant de Dieu réclame le sacrifice. Soyons encouragés par l’exemple de Dieu lui-même, lorsque le prix d’un vêtement décent vide tellement plus la bourse que ne le ferait l’article en tête de rayon.
Le texte sacré laisse entendre que Dieu procura à Adam et Ève des tuniques longues et amples. Vêtus de la sorte, ils étaient dignes de Dieu ; leur Père céleste n’avait pas honte de ses enfants. Ainsi, dès la Genèse, le Saint-Esprit nous enseigne que se vêtir ne consiste pas à choisir n’importe quoi juste pour se couvrir. Il y a dans le vêtement une autre dimension, qui nous transporte beaucoup plus haut que la question des centimètres. Cette dimension nous fait considérer le sujet d’un point de vue surnaturel : c’est là que tous les « pourquoi » de l’habillement se résolvent. Dans le fait cité plus haut, le petit Guy de Fontgalland réagit surnaturellement, sur le même critère que le Bon Dieu avec Adam et Ève : ce que vous portez, quoique décent, n’est pas digne de Dieu, de vous-même et de votre prochain.
Un autre fait, arrive à la même époque que Guy de Fontgalland, montre combien le vêtement est lie à la révérence envers Dieu dans l’esprit d’une maman chrétienne. Après la mort de sainte Maria Goretti, Mamma Assunta fut l’objet de bien des compliments sur l’éducation qu’elle avait donnée à sa fille. Un jour, une dame, accompagnée de sa petite fille, lui tint un langage élogieux : « Votre fille est morte martyre ! Quelle bonne formation chrétienne vous lui avez donnée ! Comment avez-vous fait ? … » Mamma Assunta, jetant un regard sur la robe courte de l’enfant, se contenta de répondre : « Je ne lui ai jamais permis de s’habiller si court. »
Est-ce donc une question de centimètres ? Non, mais les centimètres font quand même partie de la question ! S’il faut arrondir, faut-il que ce soit à la baisse ? Quelle femme achèterait une bague trop petite pour elle ? Pourtant ce n’est qu’une question de millimètres…N’est-il pas normal qu’une parure s’adapte à celle qui s’en revêt ? Achèterait-on une paire de chaussures trop petites ? Après tout ce n’est qu’une question de millimètres… ! La vertu pousse à protéger, en beauté, un dépôt sacré et non à l’exposer. « Une société se révèle par ce qu’elle porte », a dit Pie XII. Ceci est également vrai de chaque personne prise en particulier. Considérons les diverses réactions que suscitent en nous les gens que nous rencontrons dans les transports publics : leur mise nous renseigne vite. Peut-être va-t-elle nous encourager à faire un brin de causette ? Ou peut-être à changer de place…
Que voulons-nous révéler à propos de nous-mêmes? Que nous avons un corps ? C’est assez évident en soi. Et pourtant, nombreux sont les articles de vêtement qui sont confectionnés dans ce but précis, soit qu’ils ne couvrent pas assez, soit que, bien que longs, ils moulent les formes du corps. Porter ce genre d’articles fait oublier que, derrière l’enveloppe charnelle se cache une âme chrétienne, temple du Saint-Esprit. Attachons-nous donc à laisser transparaître cette vérité par notre habillement. Le prochain y sera peut-être indifférent, voire même hostile (ce fut d’abord le cas de Sainte Maria Goretti, jusqu’au jour ou Alessandro se convertit). Du moins, nous aurons agi comme le Bon Dieu l’attend de nous. Devant tout article vestimentaire, puissions-nous dire : « Ceci est digne de la Sainte Trinité qui vit dans le petit ciel de mon âme ; ceci aide mon prochain à ne pas se laisser distraire par l’enveloppe charnelle qui renferme mon âme, et à en respecter la grandeur surnaturelle.» Quel bien se fait grâce à ceux qui font honneur à Dieu par leur tenue vestimentaire !
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Wouahou. Il n’y a vraiment rien à ajouter, tout est dit. C’est très bon à lire, si j’osais je le partagerais à certaines personnes de mon entourage… Hélas à part les braquer et susciter leur colère, cela n’apporterait rien de bon ! 😬 En effet le choix de s’habiller très court chez elles est parfaitement éclairé, l’intelligence avertie, c’est la volonté de se réformer qui fait défaut. C’est bien triste.
En tout cas, merci Thérèse de te faire le relais de si bonnes, si sages paroles, et qui font bien réfléchir !!
Merci Élise, je suis ravie de relayer ce bel article !
Ce texte est exceptionnel. J’ai rarement lu quelque chose d’aussi ajusté ! Comme Élise, je le partagerais bien… Mais avec discernement. Merci Thérèse !
Avec plaisir 🙂