Cet article a été écrit par une fidèle lectrice du blog que je remercie chaleureusement.
« Je prends aujourd’hui mon courage à deux mains pour rédiger ce modeste témoignage, en espérant qu’il puisse aider d’autres femmes et mettre des mots sur leur souffrance si difficile à exprimer.
Je m’appelle Julia, j’ai 36 ans et je suis célibataire. Bien que j’aurais préféré être déjà mariée, je ne me crois pas autorisée à me plaindre de quoi que ce soit. J’ai un travail que j’aime, je m’entends bien avec ma famille, je suis en parfaite santé et je peux toujours compter sur mes amis pour partager mes joies et mes peines, et nous tirer mutuellement vers le Ciel. Que me manque-t-il, me direz-vous ? Un mari ? Bien entendu, mon célibat n’est pas volontaire, et si la volonté de Dieu est que je me marie un jour, béni soit-Il et j’en serais très heureuse. Mais ce qui me cisaille, me transperce, et me fait pleurer, c’est cette peur de ne jamais devenir mère.
Nous sommes dans un monde où, de plus en plus souvent, on nous montre des témoignages de mères qui regrettent d’avoir eu des enfants (j’en parle dans cette chronique, NDLR). On met aussi en avant des femmes qui, volontairement, se rendent stériles. D’autres qui se font des bébés sur mesure à 50 ans passés. Sans parler des centaines de milliers de bébés qui sont tués dans le sein de leur mère chaque année. La « mode » est plutôt à l’enfant-choix, à l’enfant-accessoire ; en un mot, à l’égoïsme et à la négation de la maternité (ou en tout cas à son recul en arrière-plan. Cela me brise aussi le cœur de voir tant de parents qui négligent leur devoir d’éducation ou qui prennent leur rôle à la légère. D’un autre côté, n’est-il pas trop facile de juger lorsque l’on n’est pas parent soi-même ? Tant de pensées se bousculent dans ma tête.
Je sais que je ne suis pas la seule dans cette situation. Je sais qu’il existe de nombreux couples mariés et catholiques qui ne peuvent malheureusement pas avoir d’enfant. Mais ils peuvent se faire aider, ils peuvent adopter aussi ! En tout cas, ils ont cette possibilité, cette ouverture à la vie que moi je n’ai pas en tant que célibataire. Oh, bien sûr, je sais parfaitement que je peux vivre la maternité de façon plus spirituelle, notamment à travers le don de moi-même aux autres dans différents aspects de ma vie. Je sais que je peux me rendre utile d’une autre façon, et que le bon Dieu a sûrement d’autres plans pour moi. Je peux aussi m’occuper des enfants de mes frères et sœurs, de mes amis. Et cela me remplit de joie ! Et leur rend service, alors tout le monde est gagnant.
Est-ce égoïste, possessif ou mal placé de vouloir mes enfants à moi ? Est-ce normal de ressentir un vide si grand lorsque je songe à cette maternité charnelle que je ne vivrais peut-être jamais ? Ai-je le droit de ressentir cet énorme pincement au cœur lorsqu’une amie ou une collègue m’annonce sa première, sa deuxième ou sa troisième grossesse ? J’essaie en tout cas de combattre ces mauvaises réactions, et de tout façon, je me réjouis de tout mon cœur pour leur bonheur à venir, c’est certain. Mais cela me met en face d’un bonheur que je ne goûterai peut-être jamais. Et vous savez ce qui me fait le plus mal ? Lorsque l’on me dit que je ferais une si bonne maman, que la maternité m’irait si bien, que je mérite de me marier et d’avoir plein d’enfants. Et bien, Dieu en a décidé autrement apparemment.
Je ne voudrais pas que mon témoignage ait l’air d’une longue plainte ou attire la pitié. Il est pour moi une sorte d’exutoire, et peut-être résonnera-t-il dans le cœur de certaines femmes qui vivent, de près ou de loin, la même chose que moi. Je voulais aussi préciser que ce vide, ce manque, ne m’empêche pas d’être heureuse et d’avoir une entière confiance en Dieu quant à ses desseins sur moi. Ma « détresse » me pousse d’autant plus à me donner sans rien attendre en retour, le plus généreusement possible, à être là pour les autres, à faire des sacrifices au quotidien, à donner de mon temps, à ne pas réfléchir deux fois avant de rendre service, à aider les autres autant que je peux et tout faire pour ne pas me recroqueviller sur moi ni passer à côté du merveilleux chemin que le bon Dieu a prévu pour moi. Ce n’est pas facile tous les jours, mais avec le soutien de la prière et de notre Mère du Ciel, tout est possible.
Merci de m’avoir donné l’opportunité de partager ici mon témoignage. »
Merci à Julia pour sa confiance ! N’hésitez pas à réagir en commentaire et à partager votre expérience sur ces sujets.
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Crédit photo : Pexels.
Peut-être que, comme le sacrifice d’Isaac, Dieu attends justement le paroxysme de l’abandon pour tout offrir d’un seul coup ! En tout cas je vais prier en ce sens 😉
Merci pour elle 🤗
Bonjour Julia,
Bonjour Thérèse,
Je vous remercie toutes les deux pour ce partage d’expérience !
Je suis dans la même situation que Julia (seulement, un peu plus jeune) et l’article m’a conforté mais aussi apaisé ; savoir que l’on n’est pas seule dans cette situation, qu’il y a une raison à ce célibat, qu’il faut tout remettre dans les mains du Seigneur ! Merci pour ces rappels !
Qu’Il vous garde et vous bénisse !
Avec plaisir 🤗
Bonjour Julia,
J’avais 36 ans quand j’ai rencontré mon mari…. alors … je vous souhaite cela et je crois fermement que vivrez cela aussi!
Oui, dans l’absolu un ménage marié pourrait adopter un-des enfants, mais faudrait il déjà que le désir d’adoption soit partagé… ce qui n’est pas toujours le cas.
Personnellement j’ai été adoptée par une femme célibataire, certes un père m’a beaucoup manqué, et un mari pour maman pour qu’ une équilibre dans mon éducation se fasse….et pourtant je n’ai qu’un mot à dire, MERCI Maman de m’avoir adoptée et aimée !
Bonjour Julia, en tant que Maman étonnamment ce témoignage me touche. Il me fait me rendre compte à quel point j’ai de la chance d’être mère, malgré les difficultés de chaque jour.
Je prie pour vous, pour que vous trouviez vraiment la paix intérieure. Dieu vous bénisse. 🙏🏻
Ayant eu mon premier enfant à l’âge de 37 ans, je ne peux que me reconnaître dans les pensées que vous partagez, par lesquelles je suis passée aussi. C’est la première fois que je les vois si bien formulées, que cela m’en donne les larmes aux yeux. Je prie pour vous chère Julia, ainsi que pour toutes les lectrices du blog qui sont dans la même situation.
Merci pour elle 🙂
Un grand merci chère Julia pour ce courageux témoignage. Quel mystère que cette souffrance de ne pas avoir d’enfant, alors que tout va bien d’autre part… Je ne pense pas qu’elle soit égoïste, elle est si vive pour tant de bons chrétiens! Je vous assure de mes prières, pour que Dieu vous comble de Ses bénédictions et de Sa consolation.
Cet article qu’a écrit Julia me fait tellement écho ! J’ai 34 ans dans quelques jours et je suis également célibataire et sans enfants… Julia a su poser des mots très justes sur un ressenti que je partage. Je suis certaine que son désir de maternité finira par se concrétiser, je prierai pour elle.
Merci Sonya pour votre commentaire, et union de prières !
Bonjour,
J’ai 34 ans et je suis célibataire sans enfant. Je vis la même chose que Julia, mais en ce qui me concerne, je suis la seule en bonne santé de ma fratrie (mes 2 frères sont très lourdement handicapés mentaux). Deux conséquences supplémentaires : je sais être la seule à pouvoir donner des petits-enfants à mes parents et je sais aussi que j’ai un risque plus élevé que les autres de donner naissance à des enfants handicapés. Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus des ovaires. J’aimerais avoir des enfants mais des enfants en bonne santé, car je ne veux pas vivre la souffrance de mes parents d’avoir eu des enfants handicapés et donc d’avoir vécu dans un monde qui n’a rien à voir avec celui dans lequel vivent les parents d’enfants en bonne santé. Pour le moment les analyses génétiques n’ont rien donné : le(s) gène(s) problématique(s) n’a(ont) pas été identifié(s) et je ne connais pas la probabilité de handicap pour mes enfants.
Bonjour Marie-Louise, merci d’avoir partagé votre témoignage !
Merci Julia pour ce témoignage extrêmement touchant qui m’a mis les larmes aux yeux.
Mariée tardivement, je suis pour ma part en espérance d’enfants avec mon mari depuis deux ans. Je puis vous assurer que ce n’est pas simple, que la solution de l’adoption n’est pas du tout automatique, et ne va pas de soi. C’est une vocation quasiment, un appel à part entière, différent de la parentalité classique. En effet, cela demande un long temps d’attente, d’avoir fait véritablement le deuil d’avoir ses propres enfants biologiques, d’être très forts psychologiquement pour accueillir un enfant qu’on ne connait pas et qui a peut être vécu un début de vie très difficile, ne serait ce que par le fait d’être en quelque sorte abandonné par sa mère biologique.
J’ai plusieurs amies qui sont en énorme conflit avec leurs parents adoptifs, même si j’en connais au moins un qui a d’assez bonnes relations avec eux. Et il faut aussi effectivement que les deux conjoints soient d’accord pour adopter, ce qui n’est pas si fréquent, croyez-moi.
D’autre part, je ne pense pas qu’il faille comparer deux situations, deux croix qui sont tout aussi difficiles et douloureuses sur des plans différents.
Certes, dans un couple on est deux à se soutenir, et c’est une énorme grâce, mais homme et femme ne vivent pas forcément pareil l’absence d’enfants, et cela peut créer décalage et incompréhensions.
Il arrive même hélas que des couples, même chrétiens, se séparent pour cette raison, parce que leur conjoint est infertile… Bien souvent les conjoints infertiles vivent les contraintes du mariage sans en voir les fruits visibles et concrets que sont les enfants, et c’est une véritable souffrance, très profonde et très sourde.
Donc non, ne pensez pas que les couples sans enfants soient forcément plus chanceux que vous, leur croix est simplement différente, et n’est pas plus enviable que la vôtre ! 😉😊
Et je pense aussi que c’est à chacun, selon son caractère et ses possibilités, de lancer des initiatives pour se soutenir entre personnes dans la même situation, d’aller chercher l’aide de prêtres et de personnes ayant traversé les mêmes épreuves. Célibataires ou mariés, nous pouvons nous faire aider dans la mesure où nous sommes actifs pour exprimer en vérité notre souffrance à notre entourage et aller chercher l’aide là où elle se trouve.
Bonjour Espérance, je pense que l’objectif n’était pas de comparer les deux situations en cherchant à savoir laquelle était la plus douloureuse mais plutôt à souligner cette ouverture à la vie ou ce potentiel qui n’est pas le même. Mais vous avez raison, les deux situations sont des croix 🙂
Bonsoir Julia,
Je suis touchée par votre témoignage car me retrouve dans la même situation, face à des questionnements similaires. Des proches m’ont aussi dit que j’aurais été une bonne maman, douce et aimante.
Seulement, à 41 ans, j’essaie de faire le deuil d’avoir des enfants. Certes, il m’est possible d’adopter. L’étant moi même, j’aurais tellement aimé porter le fruit d’un amour.
Je suis aussi entourée de beaucoup d’amour, de bienveillance. J’ai beaucoup de gratitude pour cela et L’Amour de Dieu me soutient même s’il m’arrive d’être profondément triste.
Je vous souhaite sincèrement de rencontrer celui qui vous aimera et souhaitera construire un foyer avec ou sans enfant.
En pensée et prière
Victoire
Bonsoir Victoire, merci pour elle 🙂
Merci Thérèse pour votre réponse.
Ce qui m’a gênée je crois dans l’article, c’est que personnellement je n’ai pas le même ressenti que Julia.
Célibataire, j’arrivais très bien à épanouir ma fibre maternelle en ayant la place privilégiée de marraine et de tante célibataire auprès de mes neveux, avec lesquels j’entretenais une certaine complicité. Je ne souffrais pas de ne pas être mère puisque je savais que c’était impossible dans ma situation et que mes neveux/petit s élèves me comblaient.
En revanche, mariée, je pensais que logiquement j’allais rapidement être mère, et ce n’est pas arrivé comme prévu… Je n’ai plus d’élèves, ni le même statut auprès de mes neveux, et puis quand on est jeunes mariés, la priorité est d’abord le conjoint et du coup c’est compliqué quand on se retrouve en famille d’être aussi dispo pour les petits que quand j’étais célib’…
Donc quand on parle d’ouverture à la vie, pour moi justement c’est là que réside la grande souffrance de la femme mariée infertile qui justement devrait avoir presque automatiquement cette ouverture à la vie ( qui reste un don de Dieu) mais ne l’a pas ! En tant que célibataire jusqu’à la trentaine, le besoin et la souffrance n’étaient pas là justement ! Ce manque est arrivé après le mariage.
Mais il y a un pont entre les deux états : célibataire souffrant de ne pas rencontrer l’âme sœur et de ne pas être mère, et couple souffrant de ne pas avoir d’enfants.
En effet, avec mon mari, ne nous étant pas mariés tous jeunes, nous prions beaucoup pour que nos amis célibataires se marient, et je sais que eux prient pour que nous attendions un enfant.
Sur un article d’Aleteia, j’ai lu le témoignage d’une jeune femme célibataire qui avait fait une liste de couples amis en désir d’enfants, et elle s’était donnée comme mission féconde de prier pour que le Bon Dieu leur accorde un bébé. Elle rayait les noms à chaque naissance obtenue ! 🤗
Waouh, c’est une belle histoire ! Et une autre forme de maternité aussi 🙂 C’est très beau !