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Cette semaine, je vous propose de réfléchir sur le livre de Costanza Miriano, Le privilège d’être des femmes : l’extraordinaire pouvoir du don. Ce livre se présente sous la forme de lettres que l’auteur écrit à ses filles, pour leur expliquer la beauté, la grandeur et aussi la complexité de la mission de la femme. Avec néanmoins les pieds bien ancrés sur terre et cette bonne dose d’humour si caractéristique de l’écrivain Miriano ! Voici une brève analyse du livre proposé. L’auteur est plus connue pour ses fameux livres Marie-toi et sois soumise (résumé ici) et Épouse la et meurs pour elle (résumé ici). Ce livre est une véritable bouffée d’air pur. Il se lit très facilement, la traduction est vraiment excellente. Évidemment, le rire n’est jamais loin : il faut dire que l’humour de l’auteur est très communicatif !
Ce livre se construit au fil de « lettres » que madame Miriano est censée donner à ses filles quand elles auront grandi. Bien sûr, comme la correspondance de Madame de Sévigné, il ne fait pas de doute que l’auteur a bien conscience, et c’est une volonté, que ces « lettres » seront lues par des centaines de lecteurs. C‘est là le premier point fort de cet ouvrage : ce ton intimiste, qui nous introduit au cœur de la famille, au cœur de ses préoccupations et jusqu’au cœur de l’auteur lui même. Deuxième point fort, qui je pense s’adresse essentiellement aux mamans : la légèreté du ton. Entendez par là un certain recul, un certain lâcher-prise comme on dit maintenant, pas de la frivolité. Le propos est extrêmement profond, mais par son auto dérision, sa présentation d’elle même et de la vie de maman haute en couleurs (et en bavures !), il nous touche et nous déculpabilise : quand nous ne nous sentons pas à la hauteur, quand le désordre règne chez nous, ce n’est pas un obstacle à la vie intérieure et à l’accomplissement de notre mission !
Troisième point fort, évoqué ci dessus : la profondeur du propos. L’auteur balaye un grand nombre de sujets, mais aucun n’est survolé (à part peut-être un, mais j’y reviendrai). Elle offre une vision hautement spirituelle et enthousiasmante de la mission féminine, allant même jusqu’à interpréter le physique féminin ! Elle parle par exemple de cette « cavité » qui est en nous (l’utérus) et qui n’est jamais totalement comblée, de même que notre désir d’amour et d’infini qui ne peut qu’être comblé par Dieu. Elle nous éclaire sur nous mêmes finalement : combien de fois au cours de la lecture ai je eu un soupir de soulagement : « c’était donc ça ! ». C’est à la fois réconfortant et encourageant, l’auteur cherchant vraiment à nous tirer par le haut. Avec lucidité cependant : elle ne tombe ni dans l’idolâtrie de la beauté de la mission féminine, ni dans sa dévalorisation par rapport à celle des hommes, qui restent pourtant les « chefs ».
Passons aux points faibles, qui sont peu nombreux je dois dire. C’est essentiellement un chapitre qui m’a fait « tiquer », et que j’ai eu du mal à finir. Il s’intitule « De la beauté ou encore Tu es belle à l’intérieur (mais c’est mieux si tu te maquilles un peu) ». Je pensais qu’elle allait nous parler de cultiver sa vie intérieure pour rayonner, de l’importance d’une apparence soignée etc. En réalité, elle explique que se maquiller est quasi nécessaire surtout pour plaire à son homme, et elle fait tout un parallèle entre un psaume et son maquillage du matin. J’ai presque trouvé cela déplacé, et je dois dire que j’ai été assez déçue de ce passage. C’est le seul point faible que j’ai vraiment trouvé. Évidemment, son style moderne peut parfois étonner la fille « old school » qui sommeille en nos cœurs de catholiques, mais l’auteur a tellement les pieds sur terre que ce n’est pas choquant.
Tout le livre est une mine de citations, de pensées plutôt car les phrases sont longues (style italien ? En français nous préférons être concis). En voici quelques-unes :
« Les revendications féministes – les lamentations sur le manque de fiabilité des hommes égoïstes qui ne tiennent pas compte des exigences physiques et émotives de la femme, qui partent en vadrouille s’occuper de leurs affaires, qui perdent la tête pour une femme plus jeune, qui en vieillissant quittent leurs femmes, lesquelles doivent être autonomes économiquement pour être prêtes à affronter cette éventualité – prouvent que la contraception et la révolution sexuelle ont profité largement à ce type d’hommes égoïstes que les féministes voulaient combattre. […] La contraception, qui semblait être une conquête des femmes, a en fait libéré les hommes de leurs responsabilités et a rendu beaucoup de femmes malheureuses, parce que, bercées de l’illusion de contrôler leur sexualité, elles ont adopté le style masculin qu’elles critiquaient tant et elles n’ont pas su demander ce que leur cœur désirait vraiment : une union stable, exclusive, pour toujours. »
« Nos cœurs si limités et fragiles font face au désir illimité d’un amour qui soit parfait, qui ne se distraie pas et ne trahisse jamais, qui soit constant et toujours au top ».
« Il arrive souvent qu’on n’ait pas envie de recommencer à se parler parce qu’on pense savoir ce que l’autre va dire. Il y a des dialogues qui ressemblent à des terrains minés, truffés de dangers cachés, à traverser sur la pointe des pieds. Et pourtant on ne se fie pas au fait que nous pouvons être nouveaux, même après de nombreuses années, parce qu’il y a Quelqu’un qui fait toutes choses nouvelles. »
Certaines d’entre vous ont demandé un approfondissement du chapitre 4 du livre « Le privilège d’être des femmes ». Ce chapitre s’intitule : « Être épouses ou encore Conduire l’homme à la grandeur ». D’emblée, Costanza Miriano expose la difficulté fondamentale qu’a la femme à ne pas choisir la facilité. Face aux hommes, nous avons tendance à nous comporter « comme des mamans ou comme des petites filles », au lieu d’être dans un rapport de saine égalité comme l’enseigne la Sainte Église. Or, ce rapport de « saine égalité » ne peut s’établir qu’au prix de grands efforts et de grands renoncements. La femme, si elle suit ses purs instincts naturels, peut devenir « Ève » : séductrice, manipulatrice, possessive, presque folle. Au contraire, si elle suit le Christ, elle imite « Marie » : « capable de placer l’homme dans le rôle de guide qui lui revient, et de donner à chacun la place dont il a besoin. […] Elle ne remplace pas l’homme, ni ne lui souffle ce qu’il doit dire, mais elle lui présente loyalement un besoin et intercède pour les faibles. »
C’est ainsi que se révèle la vraie puissance de la femme, « capable de demander loyalement n’importe quelle chose, libre de ses fragilités et donc libre aussi de ne pas obtenir ce qu’elle demande ». C’est un chapitre très profond, qui met particulièrement en lumière ce lien très fort que nous devons avoir avec Dieu pour vivre une vie de mariage saine et sainte : quelle maîtrise de soi et de ses passions, quel abandon dans les mains de la divine Providence, quel détachement envers l’intérêt du monde ! Car la femme a en elle une espèce d’animalité (que Costanza Miriano relie directement à l’utérus en fait) qui, si elle n’est pas contenue, canalisée, peut nous faire faire les pires folies. Elle peut aussi, et surtout, nous rendre terriblement égoïstes, centrées sur nos problèmes, imperméables aux besoins d’autrui, paradoxalement : « le serpent de mon égoïsme relève instantanément la tête dès qu’il trouve un entrebâillement dans la spirale de mes journées ; les états d’âmes reprennent leur espace, mes bizarreries font la loi. Plus j’ai de temps pour moi, plus j’en voudrais ; plus j’en veux, plus je m’énerve quand vous me demandez quelque chose et je deviens – je redeviens ? je me manifeste ? – une personne abominable. »
Être une bonne épouse, c’est donc lutter contre Ève qui ne pense qu’à elle pour imiter Marie qui pense aux autres. Cette lutte peut parfois se révéler des plus rudes, mais ce n’est qu’à ce prix que nous remplirons notre vocation, « c’est-à-dire de rester. D’être dans l’attente. D’aimer même contre tout espoir. […] Si c’est la femme qui cesse d’aimer, c’est la fin pour le couple. » Pour cela, il faut bien comprendre que l’amour n’est pas un sentiment mais un commandement. Cela peut paraître un peu rude mais se bercer d’illusions ne sert qu’à retarder notre malheur, quand nous cultivons des « rêves farfelus » de romantisme exagéré. Non, le cœur ne peut conduire toutes nos actions, car le cœur s’affranchit parfois facilement de la raison et de la morale. Si le désir n’est pas mauvais en soi, c’est en Dieu qu’il faut sans cesse le replacer pour ne pas qu’il étreigne notre cœur.
La femme est « assoiffée d’amour ». Par conséquent, tout peut blesser notre sensibilité. Ici, Costanza Miriano nous propose une belle réponse aux différentes « blessures » du quotidien (ingratitudes, paroles vexantes ou supposées l’être…, toutes choses qui suffisent à empoisonner considérablement nos journées) : en faire un tremplin pour emplir notre cœur de compassion et d’amour pour les autres : « Et alors, notre journée peut devenir une succession d’occasions de transformer notre désordre en ordre fécond, de guérir notre émotivité, de devenir de vraies femmes efficaces. […] Une femme qui s’est accueillie elle même, qui a accepté ses blessures et ses manques […] devient, grâce à ses blessures justement, capable de guérir, elle-même et ensuite ceux qui lui seront confiés. […] Ajouter à tout ce que nous faisons l’offrande de notre cœur tout entier. Nous aurons en échange un énorme potentiel de salut et de guérison pour ceux qui nous sont donnés. […] Nous devons être conscientes de notre énorme potentiel. Tout d’abord un pouvoir sur l’homme. Nous sommes la maison de l’homme, nous sommes l’espace dans lequel il peut se sentir accueilli et recevoir de nous son essence. Nous ne donnons pas seulement la vie à nos enfants, nous la donnons aussi à leur père, en l’aidant à se regarder lui même, à comprendre qui il est, à comprendre, surtout, qui il peut devenir. » Cela n’est possible qu’à la condition de se donner tout entières, sans retour, dans la joie de Dieu. C’est un travail de chaque instant… »
Découvrez d’autres extraits du livre dans cet article.
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