Propos recueillis par Marie, que je remercie 🙂
Bonjour Pauline, peux-tu te présenter en quelques mots aux lectrices du blog ?
Passionnée de musique et de littérature, fascinée par le patrimoine et l’importance de sa mise en valeur, j’aime transmettre : transmettre le goût du Beau, le sens des vestiges et de l’Histoire. A 25 ans, après l’écriture de deux livres, je ne compte pas m’arrêter là et souhaite que mes romans soient le miroir des valeurs que je porte.
Tu viens d’écrire deux romans pour adolescents, édités chez Téqui ; qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans cette aventure ?
Oserai-je l’avouer ? L’ennui a été pour beaucoup dans cette affaire ! Je m’explique : étant alors en étude dans une ville très peu « active » du Sud Bretagne, ma vie sociale et culturelle est soudain devenue bien limitée. C’est alors que j’ai ressorti un dossier commencé sur un coup de tête, entre deux partiels l’année d’avant. J’avais écrit quelques pages mais n’aurais jamais imaginé en faire un vrai livre. Dans mon petit appartement, solitaire, je me suis finalement dit « et pourquoi pas ? ». Je repris donc cette histoire juste ébauchée et, quelques jours après, les pages avaient succédé aux pages, c’était décidé, j’irai jusqu’au bout de ce roman, Royalement Vôtre était lancé ! Plus j’avançais, plus je réalisais à quel point cela me passionnait : effectuer les recherches historiques nécessaires, choisir les termes, construire l’intrigue… Moi-même prise par l’aventure que je construisais, je voulais vraiment écrire des œuvres que j’aurais pris plaisir à lire lorsque j’étais adolescente.
Des romans historiques : n’y a-t-il pas le risque que l’Histoire soit édulcorée ou galvaudée par le récit romancé ?
Je n’ai pas vraiment choisi d’écrire des romans historiques. Cela s’est imposé, compte tenu de mes centres d’intérêts et de ma formation universitaire. Je ne me voyais pas écrire autre chose car précisément, écrire un roman aux bases historiques solides est un formidable moyen de remettre à l’honneur des faits ou des périodes historiques. L’Histoire galvaudée, telle qu’on peut la voir dans certains romans ne l’est pas à cause de la forme littéraire en tant que telle, mais à cause du parti pris de l’auteur. Personnellement, j’attache une grande importance à la véracité des grands faits historiques et du contexte de mes livres. Je souhaite inscrire un récit créé au cœur d’un écrin historique fiable afin de faire découvrir des époques variées aux lecteurs. Avec Royalement Vôtre, je les faisais plonger au cœur des Cent Jours, période historique très méconnue et peu étudiée en classe. Dans Rue de la Moïka, j’emmène mes lecteurs dans une Russie au crépuscule de l’empire, à la veille de la Révolution de 17, au moment même où les tensions se nouaient.
Quelle est ta vision de la Littérature ? Quels auteurs t’inspirent ?
La littérature est un art à part entière. Dans un texte, il n’y pas que la forme ou que le fond qui compte. Comme en musique, une pièce littéraire est construite, nuancée, travaillée, rythmée. C’est précisément cette idée, qu’un roman doit tenir de l’œuvre artistique, qui m’a fait énormément hésiter avant d’oser proposer mon manuscrit à des éditeurs. Une œuvre de littérature doit toucher et enrichir celui qui la lit. Elle peut tellement apporter ! A l’école, pour beaucoup, la littérature n’est qu’un cours, parfois soporifique, mais nécessaire pour obtenir le Bac… Quelle tristesse que beaucoup de jeunes n’apprennent plus à goûter les œuvres et à en comprendre l’utilité artistique !
J’ai eu la grande chance de passer ma scolarité chez les Dominicaines. Soucieuses de l’éveil de nos jeunes esprits à la littérature, elles nous ont transmis ce goût du verbe et de la lecture. Je n’oublierai jamais ma découverte du Cid de Corneille, des Justes de Camus, de Guillaume d’Orange… C’est dans la richesse de cette formation littéraire que j’ai évidemment pu faire éclore mon amour pour l’écriture. J’y ai trouvé mes maîtres, ceux dont la plume me touche toujours, et dont les mots me semblent justes : Camus et la subtilité des sentiments, Rostand et son panache littéraire inégalé, Péguy et sa douceur si forte, Villiers et sa prose poétique sans pareil…
Des projets pour l’avenir ?
Toujours ! J’espère réussir à bientôt donner naissance à un troisième ouvrage. Rien n’est encore ni précisé ni abouti donc je n’en dirai pas plus, mais croyez-bien que lorsqu’on commence à ouvrir la porte à sa passion pour l’écriture, il est difficile de la refermer.
Aurais-tu une ou deux citations à nous livrer pour finir ?
Je ne résiste pas à partager une citation de l’une des plus belles plumes contemporaines, un chevalier des mots qui a su amener la littérature au grand public dans nombre de ses spectacles du Puy du Fou : « …Et je passe ma vie à filer mon chemin de village en village vers un autre foyer, écoutant les sentiers qui ne retiennent plus leurs vieilles confidences, écoutant la pénombre qui gagne les buissons, les vieux chênes têtards creusant dans leurs souvenirs. Je marche avec les siècles, de famille en famille, vers d’autres fuseaux. Et je marche toujours, dans mes sabots trop lourds. Mon très vieil almanach et mes poupées de lin me tiennent compagnie, me soutiennent l’humeur. Ce soir je veux aller jusque chez Maupillier auprès du vieux château qui s’élance là-bas. Je chanterai la chanson de tous les Maupillier, sur cette terre de géants, et de genêts en fleur. » (Philippe de Villiers, Introduction de la Cinescenie du Puy du Fou). Enfin, j’achèverai par quelques vers de Péguy dont la mélodie des mots ne peut laisser indifférent : « Nous sommes ces soldats qui grognaient par le monde, Mais qui marchaient toujours et n’ont jamais plié, Nous sommes cette Église et ce faisceau lié, Nous sommes cette race éternelle et profonde. » (Prière de report).
Merci à Pauline d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Si vous souhaitez lire les ouvrages de Pauline de Vençay, vous pouvez vous les procurer ici ou là. En commandant ce livre sur Livres en famille et à partir de mon site, vous me permettez de toucher une modeste commission, sans pour autant payer plus cher, et ainsi de financer la maintenance et la mise à jour de ce site 🙂 Merci d’avance 😉
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Crédit photo : Pauline.
C’est chouette, ça donne des idées de cadeaux !
Bon, j’ai également fait ma scolarité chez les Dominicaines, mais je pense que l’attrait pour la littérature dépend également de la personne.
Pour moi, clairement, pour reprendre les termes de Pauline, « la littérature n’est qu’un cours, parfois soporifique, mais nécessaire pour obtenir le Bac ». Chacun sa vision des choses !
Magnifique ! Pauline est une perle à en juger par cet échange : c’est si rare et précieux les auteurs catholiques, et alors formée à l’école des Dominicaines, que demander de plus ? 🤩 J’aurais une petite question : à partir de quel âge peut-on proposer la lecture de ses livres à nos enfants, selon elle ? Merci Thérèse pour cette nouvelle découverte !
Pour répondre à Marie, le premier commentaire au sujet des cours de Littérature, je dirais aussi que ça dépend aussi du professeur : s’il est passionné et passionnant, alors les élèves seront enthousiasmés et goûteront aux beaux textes.
Mais il y a aussi le milieu familial qui joue énormément : mes parents par exemple, d’origine paysanne, sont tous les deux passionnés par la lecture et nous ont transmis le goût des bons livres et des bons auteurs. Dès tout petits, mon papa nous lisait où nous racontait de belles histoires avant de dormir. Puis ils nous ont acheté de nombreux livres chez Emmaüs, comme la collection Rouge et Or pour les plus jeunes et bien d’autres par la suite. Je leur suis reconnaissante de cette éducation, qui nous a petit à petit imprégnés, et initié au monde merveilleux de l’Histoire et de la Littérature, riche en psychologie, en leçons de vie, en émotions, ect… En côtoyant moults héros différents, on apprend ainsi l’empathie, la compassion,le courage, l’amour de son pays et beaucoup d’autres belles vertus chrétiennes.
Aux Éditions Téqui, l’éditeur de Pauline, ses romans sont conseillés dès 12 ans. 😉