« Je trouve que les émotions ne sont pas du tout bien comprises ni accueillies dans notre culture alors qu’elles sont aussi importante que manger et dormir. Qu’en pensez-vous ? »
Merci à toutes pour les questions que vous m’envoyez par mail ou sur Telegram ! Aujourd’hui, je voudrais vous donner quelques pistes de réflexion en ce qui concerne nos émotions. Nos émotions font partie de nous, et je pense que nous ne devons pas les enterrer ni les enfouir en cherchant à les étouffer. Elles ont un rôle à jouer et peuvent nous être bien utiles, essayons donc d’en tirer le meilleur parti. Avec l’essor des ouvrages de développement personnel mais aussi de concepts tels que l’éducation bienveillante, de grands progrès ont été faits quant à l’acceptation et la gestion de nos émotions, et de celles des autres : c’est positif.
Le problème, c’est que dans notre culture, contrairement à ce qui est dit dans la question posée, les émotions ont pris le dessus sur tout. Ce qui compte, c’est ce que je ressens, c’est mon intuition, ma sensibilité, mon interprétation des choses, la façon dont je vis et je reçois telle situation ou telle parole. La raison n’existe plus ou presque plus, il n’y a plus d’objectivité, de vérité, tout est sujet au ressenti de chacun. Tout est donc subjectif, et surtout dépend de la personne qui peut aussi « jouer » avec ses interlocuteurs, les manipuler ou les faire tourner en bourrique, selon sa petite nécessité du moment.
Je vous remets ici quelques extraits du livre du Père Jan-Dominique, Adam, où es-tu ? : “Éduquer les passions, c’est favoriser leur développement et leur vigueur, mais c’est aussi habituer l’âme à les dominer, à les faire servir au bien de l’individu et de son entourage. Un dicton résume fort bien cet état de fait : la sensibilité est une bonne servante mais une mauvaise maîtresse. C’est au prix de ce travail sur soi que les passions sont un véritable atout pour la personnalité. En revanche, vivre à la remorque des impressions du moment, courir après son caprice au hasard des rencontres et des événements, ce n’est pas faire preuve de personnalité. Au contraire, c’est une dilution de la vie dans le fleuve des sentiments, une chute dans l’incohérence. (…) Les passions sont belles lorsqu’elles restent à leur place, qui est celle de la vie sensitive au service de la vie de l’âme, celle de la matière subordonnée, vivifiée et embellie par la forme. La sensibilité et la vie spirituelle se donnent ainsi un secours mutuel et hiérarchisé”.
“Cette grandeur de l’amour engendre une fragilité. (…) Un tempérament sentimental aura la tendance à se replier sur lui-même, à vivre dans ses impressions sensibles, à s’écouter et à entretenir un “vague à l’âme”. Il cherche à attirer les regards et les cœurs, il se croit volontiers le centre du monde et devient possessif, jusqu’à la tyrannie chez certains. L’authentique éducation du cœur fait au contraire de l’amour la source d’un dévouement désintéressé, un tremplin qui fasse bondir l’âme vers le bien des personnes aimées”.
“Apparaît ici à nouveau la nécessité de l’éducation et de la garde du cœur. Car, du fait qu’il est une passion, l’amour a tendance, s’il n’est pas discipliné, à replier l’homme sur lui-même, à ne lui faire chercher un bien que s’il lui est bénéfique, à le porter vers un amour qui lui rapporte quelque chose, à aimer l’autre pour soi-même. Les tempéraments très sentimentaux sont enclins à se complaire dans leurs impressions, dans le climat intérieur que suscite la présence de l’autre, en définitive à s’aimer eux-mêmes. Telle est la racine de l’impureté qui n’est en définitive qu’une caricature de l’amour, et un véritable égoïsme. L’amour vrai, au contraire, est la volonté du bien de l’autre, il est un oubli de soi et un don de soi pour le bien de l’autre”.
Faisons donc attention à ne pas devenir esclaves de nos émotions et à les laisser à leur juste place, sans pour autant les dénigrer. Voici quelques articles et podcasts pour poursuivre votre réflexion :
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