Voici quelques extraits de mes notes pour la conférence donnée à Estaimpuis le 2 mars 2024. Pardonnez-en le style oral. Retrouvez la version audio de la conférence juste ici.
Dans le schéma traditionnel, la femme reste souvent au foyer, et, de façon générale a des actions qui paraissent moins éclatantes, moins visibles, moins impactantes et donc on pense qu’elles sont moins importantes. Les femmes ont parfois du mal à comprendre leur rôle et l’importance de celui-ci. Nous vivons dans une société décadente, non seulement anti-cléricale et anti-chrétienne mais aussi immorale et qui va contre tout le bon sens possible (cf. certaines dérives contre nature, des hommes qui se prennent pour des dalmatiens etc). Beau = laid, faux = vrai, mal = bien. Le relativisme et le lavage de cerveau nous empêchent de réfléchir par nous-mêmes.
À travers cette conférence, je voudrais montrer que les femmes peuvent changer cela, en étant bien ancrées en Dieu, en travaillant main dans la main avec les hommes et en restant vraiment femmes, sans se déguiser ni vouloir copier les hommes. Le but de cette première partie, qui sera un peu philosophique, est de bien comprendre comment fonctionne une société, ce qu’est le bien commun vs le bien individuel, et où se situe la femme dans tout cela, pour bien comprendre l’importance de son rôle en tant qu’individu, qui a des répercussions à plus large échelle.
La société politique et bien commun
Commençons par bien définir ce dont nous parlons. Qu’est-ce que la société politique ? La société politique est une société parfaite [c’est à dire permettant à toute personne d’y bien vivre, sans aide extérieure] composée d’hommes en familles, dirigée par une autorité qui l’organise par des lois, en vue d’une fin appelée le Bien Commun. La notion de société parfaite s’oppose à celle de communautés imparfaites telles que la famille, la tribu, le village, et les diverses associations intermédiaires qui ne peuvent pas donner à leurs membres tout ce qui est indispensable pour vivre et bien vivre.
1 – Société politique nécessaire à l’homme et ordonnée en vue du bien commun
Parce que l’homme est par nature social et politique, de sorte qu’il appartient naturellement à une cité. Il a besoin d’une première société, la famille, pour subvenir à ses besoins. Il est naturellement social. L’homme est un animal rationnel donc il cherche non seulement à vivre mais à bien vivre (instruction, éducation, transmission du savoir, justice). Une telle société est une communauté politique, la communauté qui est celle de nos pères est la patrie. Donc l’homme est un animal politique.
La partie est pour le tout, et le bien de la partie pour le bien du tout. Donc « l’homme tout entier est ordonné à la communauté entière dont il fait partie » (St Thomas, Somme théologique, II-II, 65, 1), et son plus grand bien naturel immanent est le Bien Commun de la cité dont il fait partie. Sa fin immanente ( = proche, sur cette terre) qui est ordonnée à une fin naturelle transcendante, est la vision béatifique. Ainsi, l’homme a dans la pratique une fin intermédiaire : le bien commun politique, elle-même ordonnée à une fin ultime : la vision béatifique. En s’ordonnant au bien commun, l’individu ne nie pas son bien particulier, puisque c’est dans le bien commun qu’il trouve son bonheur. Une société n’atteint ce pour quoi elle est faite que lorsqu’y règnent la justice, l’ordre qui permet la paix et l’amitié politique. Les trois constituantes du bien commun sont donc : la justice (ne pas causer de tort aux autres), l’ordre (absence de trouble, donc la paix) et l’amitié politique (seule valeur strictement positive comparée aux deux premières qui sont négatives ou « absence de »). La paix c’est la tranquillité de l’ordre (St Augustin). Respecter l’ordre établi par Dieu pour trouver la liberté et le bonheur.
2 – Responsabilité collective
L’amitié politique est la bienveillance réciproque entre l’ensemble des membres de la cité. Il n’y a de bonheur que dans l’amitié puisque l’homme est un animal social et politique. L’amitié est la volonté de vouloir le bien de l’autre, c’est-à-dire son bonheur réel. Tout d’abord, nous devons bien comprendre et bien intégrer ce dont nous venons de parler. Nos choix individuels ont forcément des conséquences à plus large échelle, sur la cité politique. Rappelons l’importance du politique qui travaille à deux finalités : le bien commun et la gloire de Dieu. Il faut le comprendre pour mieux prendre conscience de notre rôle et de l’importance de nos choix et de nos actions. Il faut parfois faire des sacrifices pour le bien commun, puisque c’est l’individu qui est ordonné à la cité et pas le contraire. Le bien commun passe avant le bien individuel. Il peut-être difficile de le comprendre dans la société égoïste actuelle. Pour le comprendre il faut se dire que le bien commun doit être entendu comme le bien du tout, mais aussi comme le meilleur bien de l’ensemble des membres de la communauté politique.
Il est évident que l’homme et la femme, s’ils doivent tous les deux travailler au bien commun, ne le font pas de la même manière, car n’ont pas les mêmes aptitudes, les mêmes talents, la même force, la même façon de fonctionner. Comme on vient de le voir par exemple, il peut être plus difficile pour la femme de faire des sacrifices en vue du bien commun, alors que pour l’homme cela sera plus naturel et plus évident. Il est important que chaque sexe reste à sa place et capitalise sur ce que lui a donné la nature pour que la société tende plus facilement au bien commun. La société actuelle est individualiste et androgyne. Dans la deuxième partie de la conférence, nous rentrerons plus dans les détails, mais parlons déjà de deux écueils à éviter :
- société individualiste, femme indépendante. Chacun poursuit son petit bonheur, son plaisir, ses désirs. La notion de bien commun n’existe presque plus. Chacun vit pour soi. Ce qui compte, c’est MOI. Il est mal vu de dépendre de quelqu’un, que ce soit financièrement, affectivement, etc. Deux écueils à éviter : les hommes primaires qui considèrent les femmes comme des distributeurs de plaisir et de services sans s’intéresser à elles et à leur relation de couple. Les femmes primaires : difficulté presque insurmontable à reconnaître les véritables qualités à chercher chez un homme, faire de mauvais choix et finir déçues.
- société androgyne : être vraiment féminine, être vraiment viril. La société veut faire de la femme un autre homme, veut gommer les différences homme-femme (travail, vêtement). La société actuelle est posée à travers un prisme conflictuel. L’homme et la femme sont en lutte pour le pouvoir.
Nous voyons que ce qui est important et ce sur quoi la femme doit travailler car ce n’est pas évident pour elle : comprendre et accepter que la partie est ordonnée au tout, et que le bien commun passe avant le bien individuel. Accepter aussi que l’homme et la femme aient des rôles distincts et complémentaires, et que dépendre de l’autre pour former une véritable société politique n’est pas mauvais en soi et n’enlève rien à notre dignité et à notre valeur. On peut avoir l’impression qu’il n’y a que l’homme qui fait de grandes choses, des actions éclatantes ou dont il peut tirer une certaine gloire. Mais finalement une partie de cette gloire revient aussi et presque tout autant à la femme puisque c’est elle, avec ses qualités propres, qui lui aura permis d’accomplir toutes ces choses. « La femme est la gloire de l’homme » (1 Co, II, 7). Homme et femme sont associés pour le Bien Commun.