Cet article a été écrit par une lectrice, mariée et mère de famille, que je remercie vivement.
Notre époque est censée être une « ère de liberté et de fraternité » : tout est permis, on peut parler de tout, débattre de tout. « Sans tabou », c’est le grand refrain des chantres de la liberté moderne, en particulier sur tout ce qui touche à l’intimité : notre société prône ouvertement une sexualité débridée pour tous, qui en plus de nous rendre heureux serait également un moyen de nous ouvrir aux autres : autrement dit pas de pudeur pas de barrière, plus de fraternité donc. Chacun est libre de faire ce qu’il veut de son corps, avec qui il veut, et personne n’a rien à y redire. Dans cette veine, la virginité a même fait débat publiquement (notamment avec l’interdiction des « certificats de virginité » ou la réflexion sur la signification du « voile de la mariée »), à grands renforts d’arguments sur la liberté de la femme, ses droits, le respect qui lui est dû. Paradoxalement, les adeptes du « pas de tabou » ont fait de la virginité un tabou d’envergure. On se moque des hommes quand ils sont « puceaux », comme si cela avait un rapport avec le fait qu’ils soient des hommes. Les filles discutent entre elles pour savoir quand elles vont « le » faire, comme s’il s’agissait d’une étape normale et absolument nécessaire pour être une femme accomplie. Bref, la virginité est considérée comme le mal dont il faut se défaire pour s’épanouir. Or l’état physique et psychique de notre société est loin de prouver le bien fondé de cet état d’esprit. Les couples se défont, les divorces se multiplient, et les agressions sexuelles ne diminuent pas, bien au contraire.
Et si finalement la solution se trouvait plutôt du côté de ce qui est diabolisé, la virginité ? Mais qu’entend-on par virginité ? Pour Wikipédia, la virginité est « un concept relatif à une personne n’ayant jamais eu de relations sexuelles. Ne reposant pas sur une base biologique, la virginité est un fait social, culturel et religieux. C’est surtout la virginité féminine qui représente un enjeu (a fortiori de la femme non mariée), tandis que celle des hommes est de faible importance. Elle est souvent associée aux notions de pureté et d’honneur, en particulier dans les cultures et les religions qui insistent sur l’abstinence avant le mariage. » Cette définition comporte de nombreuses lacunes : physiquement, il existe bien (du moins pour les femmes) un état de virginité je dirais objectif, avec l’hymen qui se rompt lors d’une « pénétration ». Bien évidemment certaines femmes font exception à la règle, que ce soit quant à la façon dont cet hymen se rompt (accident, viol) ou même quant à l’existence pure et simple de cet hymen (certaines femmes n’en ont tout simplement pas).
Mais il s’agit d’aller bien au delà de la simple réalité visible. Pour l’Église catholique, la virginité est avant tout un état d’esprit : celui de vouloir préserver son corps, temple du saint esprit. C’est vouloir être chaste extérieurement mais aussi pur intérieurement. C’est vouloir n’appartenir qu’à un seul homme ou à une seule femme et donc ne pas avoir de relations sexuelles avant le mariage car le mariage est une chose sacrée, une invention divine en vue de transmettre la vie, invention dont nous n’avons pas le droit de disposer comme bon nous semble ; ou bien c’est vouloir préserver totalement son corps et l’offrir à Dieu. Saint Thomas parle ainsi : « La virginité dans ce qu’elle a de formel et de complet, est la résolution de toujours s’abstenir des plaisirs de la chair. Et pour que cette résolution soit louable il faut qu’elle ait pour but de vaquer plus facilement aux choses divines. En ce qu’elle a de matériel, la virginité consiste dans l’intégrité de la chair et dans l’exemption des délectations charnelles. » La sainte Église a depuis toujours glorifié la virginité. Comme le dit l’Écriture, seuls les Vierges peuvent suivre l’Agneau « partout où il va ». Cela signifie d’une part que l’on sacrifice son corps pour le livrer entièrement à Dieu et d’autre part que l’on se débarrasse tellement des désirs charnels que seuls le service de Dieu et sa gloire nous intéressent. » La virginité comporte l’habitude de la continence, un état vertueux et une beauté supérieure. Elle est donc louable à cause de l’éminence de sa vertu, de sa beauté et de sa dignité, et doit être préférée à toute autre espèce de chasteté… à cause de sa conformité particulière avec le Christ », dit Saint Bonaventure.
On est très loin du « fait social » purement arbitraire et hypocrite, qui sous-entendrait que les femmes sont contraintes de garder leur corps intact pour préserver un honneur de façade, tandis qu’elles aspirent de toute leur âme à « une activité sexuelle ». Comme le dit si bien Saint Augustin dans son ouvrage De sacra Virginitate : « Ce que nous louons dans les vierges, ce n’est pas qu’elles sont vierges, mais qu’elles ont conservé leur virginité à Dieu par une sainte continence. » Ainsi, une femme qui aurait été violée serait tout de même considérée comme « vierge ». Allons encore plus loin : les personnes mariées, si elles n’ont plus la virginité de corps, peuvent cependant pratiquer la chasteté conjugale qui est comme une « virginité d’âme » : maîtriser leurs passions, estimer grandement les personnes consacrées et les faire estimer à leurs enfants, aimer la continence. Chaque couple est libre de ses choix en la matière, mais si par exemple vous choisissez d’espacer les naissances de vos enfants, vous pouvez profiter de ce temps de continence pour vous rapprocher de Dieu et aimer cette pénitence, sans pour autant mépriser la sainte union des conjoints. On se sent alors en communion plus intime avec les membres de l’Église, militante, souffrante et même triomphante ! Quelle grâce de pouvoir mieux imiter la Vierge Marie et Saint Joseph…
Ce chaste état d’esprit s’accompagne d’une modestie et d’un maintien extérieur recueilli. Notre corps n’est définitivement pas accessible à tous, que l’on soit célibataire ou marié. Dans une société idéale, où tout le monde aurait cet immense respect de son propre corps et du corps de l’autre, et une telle estime de la virginité de corps et d’âme, les hommes et les femmes ne se regarderaient pas de la même manière. La virginité telle qu’elle est comprise et enseignée par la sainte Église catholique est la véritable clé de voûte du respect entre les hommes et les femmes, car elle est le fleuron de la chasteté, l’aboutissement parfait de la vertu de pureté. Ayons à cœur de développer notre « virginité de cœur », quel que soit notre état, de remercier Dieu pour notre corps, d’estimer grandement la virginité parfaite et de transmettre cette estime à nos enfants si nous en avons : seule la pureté procure la paix dans la société, l’impureté n’apporte que l’anarchie de « la loi du plus fort ».
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