S’il y a bien une chose que j’ai constatée à de nombreuses reprises, notamment sur le blog, c’est l’importance de la douceur. La même remarque, selon le ton de la personne, sa politesse, l’empathie qu’elle manifeste, etc, n’aura pas du tout le même impact. La forme, dans ce cas, a presque autant d’importance que le fond, et l’on peut vite se retrouver face à un mur ou provoquer le contraire de l’effet escompté en ne faisant pas un minimum attention à la façon dont nous disons les choses. Mais le fait d’être doux ou d’être charitable, est-ce de la faiblesse ? Ne risque-t-on pas, à force de vouloir rester gentille, de se faire marcher dessus ou d’être considérée comme l’idiote de service qui acquiesce à tout ? Je vais essayer aujourd’hui de vous donner quelques clés de réflexion pour vous aider à trouver l’équilibre entre charité mal ordonnée et égoïsme invétéré.
Mais tout d’abord, je voudrais insister de nouveau sur l’importance de la douceur. Bien entendu, dans certains cas il faut savoir insister, s’imposer, parler à temps et à contre-temps pour convaincre certaines personnes de la vérité ou les faire (re)venir sur le droit chemin. Mais, la plupart du temps, la façon dont nous présentons les choses fait déjà la moitié du travail. Si nous avons quelque chose d’un peu délicat à dire à quelqu’un, ou s’il s’agit d’un sujet sensible, le fait de rester positive, compréhensive, bienveillante et douce nous aidera à faire passer certains messages de façon beaucoup plus efficace. Non, il ne s’agit pas d’hypocrisie et encore moins de mensonge. Il s’agit tout simplement de savoir se mettre à la place de notre interlocuteur et faire en sorte qu’il soit réceptif, afin qu’il écoute vraiment ce que l’on a à lui dire. Quand une personne est impolie ou agressive envers vous, vous n’avez généralement plus envie d’entendre ce qu’elle a à vous dire. Croyez-moi, la douceur peut faire des miracles 🙂
Mais être charitable, ce n’est pas être toujours doux. Dans la Bible, nous voyons à plusieurs reprises Notre-Seigneur se mettre en colère, pour chasser les marchands du Temple par exemple. Ce n’est pas non plus acquiescer à tout : Saint Paul lui-même va reprendre publiquement Saint Pierre qui était alors le chef de l’Église. Aimer son prochain, c’est vouloir son bonheur, vouloir son Bien. C’est donc l’aider à connaître et aimer Dieu, et aller au Ciel. Parfois cela demande de la douceur, parfois de la fermeté. Nous devrons aussi très certainement faire beaucoup de sacrifices et savoir faire passer l’autre avant nous. Au point de nous oublier totalement et de négliger notre bien être physique, spirituel ou moral ? Pour certaines vocations particulières, qui sont plus admirables qu’imitables, cela peut être le cas. Mais la plupart du temps, nous ne devons pas oublier de nous aimer nous-même. Dans l’acte de charité, nous disons au bon Dieu « j’aime mon prochain comme moi-même pour l’amour de Vous ». Cela résume parfaitement l’équilibre que nous réussirons à atteindre qui fait que chaque chose reste à sa place, et sous le regard de Dieu, toujours pour sa plus grande gloire.
La charité n’est pas une faiblesse. Au contraire, c’est une force ! Ancrées dans l’amour de Dieu, nous cherchons à faire le bien pour Lui, à rayonner sa vérité et son amour pour les hommes. La charité doit, bien évidemment, aller de paire avec la vérité, et celle-ci « nous rendra libres » comme nous l’a enseigné Jésus-Christ (Jean, VIII, 31). N’ayons pas peur d’être charitables et d’être douces. Cette dernière qualité est d’ailleurs typiquement féminine, et, pour conclure cet article, je vous laisse méditer sur ce petit texte de Pauline Lecomte : « Une femme qui attend un enfant opère ce travail de façon passive et insensible, mais à travers cette passivité, elle accomplit la plus grande des actions, la création de la vie. L’oubli et la critique de ce principe fondamental de passivité, assimilé à tort à de l’inaction, a poussé les femmes à nier leur état. Le culte occidental de la volonté a dévalorisé les valeurs féminines, conduisant les femmes elles-mêmes à les renier et à les critiquer. Aussi ont-elles trahi leur nature. Elles se sont détournées de la douceur, du silence, de la sensibilité, s’efforçant de copier et d’assimiler les valeurs masculines de la volonté et de l’action brutale.
Les femmes se sont révoltées contre le silence. On les a détournées de la valeur spirituelle du silence. C’est dans le silence que l’on peut éprouver le sens profond du réel, que l’on écoute et que l’on sent la joie ou la douleur des siens. C’est dans le silence attentif d’une mère que l’enfant peut s’éveiller et s’exprimer. Le silence de la femme est analogue à celui de la nature qui enfante, qui gronde, qui sourd en toute chose. Sans ce silence, sans cette profondeur, la nature ne pourrait enfanter et perdrait son éternité. Le monde féminin est celui des forces profondes d’où tout surgit et tout revient. Sans silence, sans douceur, il n’y a pas d’attention, de transmission, d’enfantement. Cela explique la difficulté d’enfanter pour les femmes qui épousent les valeurs masculines. Elles perdent leurs aptitudes créatrices. Ayant décrit de la sorte le trouble dramatique de la condition féminine dans le monde actuel, la conclusion jaillit d’elle-même. La femme ne redeviendra femme que lorsque les valeurs de la féminité seront revalorisées et assumées« .
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